De notre envoyé spécial à Saint-Nazaire (Loire-Atlantique) Emmanuel Macron a gravi les marches du Palais. Comme sa version élyséenne, ce Palace, c’est son nom, accueille à son bord un président et sa délégation. Mais il partage les eaux à 18 nœuds entre Le Croisic et La Baule (Loire-Atlantique). Il y a même un radeau de sauvetage en cas d’urgence. Depuis le pont supérieur du navire, ce jeudi 22 septembre, le chef de l’Etat inaugure un “grand projet” hors de l’eau après dix ans de travaux : le parc éolien offshore de Saint-Nazaire, le premier à ouvrir en France, entièrement opérationnel d’ici la fin de l’année. A lire aussiA Saint-Nazaire, le plus grand parc éolien offshore Autour de lui, 80 hélices tournent dans le ciel, à 180 mètres au-dessus de la mer “Une aventure humaine et industrielle”, se félicite le président de la République, entouré des ministres d’Agnès Pannier-Runacher (Transition énergétique), en imperméable jaune, Christophe Béchu ( Transition écologique), Hervé Berville (Mer) et Sarah El Haïry (Jeunesse). Malgré la polémique, le chef de l’Etat est si fier de ce projet qu’il veut le multiplier : il vise “une cinquantaine” de parcs éoliens offshore d’ici 2050, d’une capacité de 40 gigawatts. C’est le sens de son « design » énergétique, qu’il est venu rappeler à une cinquantaine de personnes à bord. Avec une priorité : que la France avance « à deux vitesses » dans le développement des énergies renouvelables. Et, “en même temps”, “beaucoup plus vite” dans le nucléaire. Au milieu de la flambée des prix de l’énergie, la seule solution, selon lui, est de réduire les prix et de répondre aux besoins en électricité. Ils augmenteront de 40 % d’ici 2050, a-t-il prévenu, rentrant à terre, dans un discours prononcé dans les jardins de la sous-préfecture de Saint-Nazaire. Une manière de louer au mieux sa “stratégie” de “mix énergétique”, présentée à Belfort en février et “validée” selon lui par la guerre en Ukraine. « Toutes les ENR (énergies renouvelables) ne fonctionnent pas, toutes les nucléaires ne fonctionnent pas », a insisté le président de la République. De retour de New York, où il a vertement attaqué la Russie sur le parquet de l’ONU, mardi, il insiste : son plan doit permettre à la France de renforcer sa “domination”. Mais aussi sa « sobriété » et le pouvoir d’achat des Français. Le chef de l’Etat se dit pressé : il est agacé de voir des projets d’énergies renouvelables mettre si longtemps à voir le jour – dix ans en moyenne pour les sites offshore, sept ans pour l’éolien terrestre.

“C’est un mal nécessaire”

Les freins doivent être levés avec un projet de loi attendu le lundi 26 septembre en Conseil des ministres. Cela implique notamment une limitation des délais maximum de recours contre les chantiers. Voilà pour les promesses faites à la gauche et aux écologistes. Un autre texte sur l’énergie nucléaire doit être préparé, alors que le chef de l’Etat a annoncé en février la commande de six réacteurs EPR de nouvelle génération. Voilà pour les signaux tirés à droite. Nucléaire, solaire, éolien : Emmanuel Macron prend tout, au nom de la “diversification”. Y compris l’éolien terrestre, qui vise une forte opposition. Le chef de l’Etat appelle à “une meilleure concertation” pour que les populations intéressées ne se concurrencent pas. Mais “on va devoir faire de l’éolien terrestre”, a-t-il prévenu, appelant à “ouvrir le jeu”. C’est-à-dire pour mieux diffuser en France une technologie qu’elle juge trop « concentrée » dans des secteurs précis. A lire aussi Ce scénario provoque de vives protestations à droite et au sein du Rassemblement national (RN). Mais autour d’Emmanuel Macron jeudi, pas de signe d’hostilité. Des élus industriels ont vanté leur “fierté” de lancer un premier parc éolien offshore, bientôt capable d’alimenter 700.000 personnes. “C’est un mal nécessaire”, a déclaré le maire (Les Républicains, LR) de La Baule, Franck Louvrier. « Cela défigure en partie notre littoral, mais ici nous sommes la seule métropole en déficit énergétique : nous corrigeons les erreurs du passé. Au nom de « l’acceptation » des projets avec les populations, la députée (Mouvement démocrate, MoDem) Sandrine Josso voit même les choses à grande échelle : « Pourquoi ne pas imaginer des représentations de sons et lumières, la nuit, grâce au parc éolien ? Ce serait un grand spectacle ! » Emmanuel Macron a, pour sa part, promis de mieux répartir les bénéfices économiques des projets d’énergies renouvelables. Une tentative pour détendre ses adversaires. Dans son projet énergétique, il est “au cœur des réponses aux défis du moment”, a-t-il soutenu. Même s’il reconnaît la difficulté de l’entreprise, peu de temps après sa visite du parc offshore : « C’est la pleine mer ». VOIR AUSSI – Etes-vous favorable à la future loi pour accélérer et simplifier l’installation des éoliennes ?