Posté à 5h00
Eric-Pierre Champagne La Presse
474 hectares sont protégés
Après avoir approuvé en juin un premier règlement de contrôle intérimaire (RCI) visant à protéger six terrains de golf susceptibles d’être convertis en espaces verts, la CMM ajoutera jeudi trois autres terrains de golf, selon La Presse. La superficie de ces aires protégées passera ainsi à 474 hectares, soit deux fois et demie la superficie du parc du Mont-Royal. Le Club de Golf Boucherville, le Golf Dorval et le Golf Ste-Rose, à Laval, se sont ajoutés à la liste. Le règlement modifié doit être approuvé par le gouvernement du Québec, qui avait déjà donné son aval au premier projet le 25 août. Plus précisément, le RCI a pour effet d’interdire tout travail de lotissement sur ces terrains de golf jusqu’au dépôt par la CMM de son Plan d’urbanisme et d’urbanisme (PMAD) révisé, au plus tard en 2025.
Le cas du Golf Dorval
Dans le cas du Golf Dorval, près de 107 hectares, soit un peu plus que la superficie du Parc Angignon, seront protégés par la CMM. Situé à proximité de l’aéroport Pierre-Elliott-Trudeau, le terrain jouxte également un milieu naturel de 155 hectares où se trouve notamment une friche appelée “Champ des Monarques”. C’est la propriété du gouvernement fédéral. Un groupe de citoyens et de scientifiques réclame également la protection de ces terres qui abritent une riche biodiversité. Entre autres, il y a les papillons monarques, une espèce en voie de disparition au Canada. Le groupe a reçu le soutien de plusieurs politiciens ces dernières années.
COP 15 en vue
« Ces trois nouveaux golfs à protéger démontrent une fois de plus la capacité des villes à agir avec force pour accélérer la transition écologique », a déclaré la mairesse de Montréal et présidente de la CMM, Valérie Plante. Selon elle, la protection du Golf Dorval était essentielle à la protection de la biodiversité alors que Montréal se prépare à accueillir le prochain sommet international sur la biodiversité, la COP 15, en décembre prochain. « Nous nous attendons à ce que ce geste fort serve d’exemple à nos partenaires et à la haute direction qui ont un rôle important à jouer dans la transition écologique et la protection de notre milieu naturel », déclare Mme Plante.
Gros décalage
Depuis plusieurs années, la CMM tente de rattraper un retard important dans la protection du milieu naturel sur son territoire. Dès 2012, l’objectif fixé dans le cadre du PMAD était de protéger 17 % du territoire d’ici 2031. Cependant, jusqu’à très récemment, le CMM stagnait à 10,1 %. C’est pourquoi, en avril dernier, elle a adopté une RCI qui interdit toute construction sur les terres forestières et les milieux humides d’intérêt de son territoire. Ainsi, le pourcentage de l’aire protégée atteint 22,3%. Pour CMM, ce retard était d’autant plus important à compenser que les experts recommandent désormais un objectif de 30% d’ici 2030.
Les procès s’accumulent
Des poursuites ont été intentées par des propriétaires ou des promoteurs contestant les deux réglementations CMM les plus récentes. Quinze des recours visent RCI en milieu naturel et trois attaquent des terrains de golf pouvant être convertis en espaces verts, a confirmé à La Presse le cabinet d’avocats Bélanger Sauvé, qui représente CMM. Plusieurs recours que La Presse a pu consulter soutiennent notamment que la CMM outrepasse ses pouvoirs en édictant de tels règlements et qu’ils sont « illégaux ». Selon l’avocat Marc-André LeChasseur, qui représente la CMM mais qui est aussi professeur d’aménagement du territoire à l’Université McGill, on assiste actuellement à un conflit entre droits de propriété et intérêts collectifs, protection de l’environnement et aménagement du territoire. “Il commençait à être temps pour les gouvernements de faire quelque chose”, dit-il.
Une réglementation “légitime”, plaide un expert
“Il ne fait aucun doute que MWC peut le faire [l’adoption de règlement de contrôle intérimaire] », plaide Me LeChasseur. Un avis partagé par Danielle Pilette, professeure à l’Université du Québec à Montréal (UQAM) et spécialiste de la gouvernance dans le monde municipal. “Pour moi, c’est très légitime et probablement légal. Selon elle, les recours contre RCI sont “prématurés”. “Le nom le dit, c’est du contrôle et c’est intermédiaire. Il impose un moratoire et c’est excellent de le faire. Cela a pour effet de donner du temps à la planification [la révision du PMAD]. Beaucoup de promoteurs sont pressés, mais c’est dans l’intérêt collectif de le faire, d’autant plus que ce sont des secteurs importants », ajoute-t-il.
apprendre encore plus
16 Nombre d’élus qui formeront le « comité ad hoc » mandaté par la CMM pour déposer une version révisée du Schéma métropolitain d’aménagement et de développement (PMAD). Le comité spécial, qui sera présidé par Marie Plourde, présidente du comité d’urbanisme et de mobilité de la Ville de Montréal, devra déposer le plan révisé au plus tard en juin 2025. SOURCE : CMM 6 ℃ Selon les modèles du Consortium Ouranos, spécialisé dans l’étude des changements climatiques, les températures moyennes dans les villes de la CMM pourraient augmenter de près de 6 °C d’ici la fin du siècle. Source : Ouranos
SOURCE : CMM
6 ℃ Selon les modèles du Consortium Ouranos, spécialisé dans l’étude des changements climatiques, les températures moyennes dans les villes de la CMM pourraient augmenter de près de 6 °C d’ici la fin du siècle.
Source : Ouranos