“C’est quelque chose qu’on recherche depuis que le monde existe”, explique le psychiatre Marc Guérin. Lors de mes études dans les années 1960, nous sommes allés jusqu’à mesurer les orteils des schizophrènes pour voir si nous pouvions trouver des différences significatives. » Depuis 10 ans, diaMentis affine sa technologie pour lire les biosignatures émises par les cellules rétiniennes après leur stimulation par des flashs lumineux. Ces signaux sont ensuite analysés pour trouver une signature biologique propre aux personnes atteintes de schizophrénie, de bipolaire ou de dépression majeure. Contrairement aux biomarqueurs, qui peuvent être un gène ou une protéine du corps humain, les biosignatures sont des signaux émis dans ce cas par la rétine et lus par une électrorétine. Potentiel commercial DiaMentis a été créé à la suite d’études menées par des chercheurs de l’Université Laval, compte tenu du potentiel commercial de la recherche. Le président et chef de la direction, Normand Tremblay, rappelle qu’il détient six brevets pour protéger des découvertes faites au Québec. « La recherche universitaire est constante partout dans le monde, c’est certain. On n’en est plus au stade d’essayer, on sait que ça marche”, plaide le Dr Guérin, assurant que diaMentis n’est pas un nouveau Theranos, la jeune société américaine qui a frauduleusement promis de révolutionner les tests sanguins. Sa technologie a reçu l’année dernière une désignation Breakthrough de la part de la Food and Drug Administration (FDA) des États-Unis, avec laquelle diaMentis travaille avec une dernière étape de validation. « Cela nous aidera à obtenir la certification plus rapidement », dit M. Tremblay. Lui et son équipe ont choisi la FDA car c’est la plus grande organisation d’examen médical et l’intérêt qu’il y avait pour leur découverte était très fort. Mais ils doivent prouver que l’idée fonctionne chez les Afro-Américains et les Latinos, qui ont donc des rétines plus foncées que les Caucasiens. Au total, 16 hôpitaux au sud de la frontière recrutent des participants. encore deux ans diaMentis estime que d’ici deux ans son outil de diagnostic sera disponible, mais il lui faudra aussi trouver des partenaires commerciaux. “Ça va changer toute l’approche de la santé mentale”, promet le Dr Guérin, également directeur médical exécutif. Il ajoute que la psychiatrie est la seule branche de la médecine sans outil de diagnostic spécifique. Aujourd’hui, les médecins se fient encore aux observations des symptômes et aux questionnaires des patients. Le Dr Guérin soutient qu’en cardiologie, par exemple, des tests peuvent détecter les artères bloquées et prévenir une crise cardiaque. Plus rapide « Nous saurons très tôt si un patient a ce qu’il faut pour développer une schizophrénie et interviendrons avant que la maladie n’éclate. Nous le saurons avant que les signes ne deviennent apparents”, précise-t-il. En santé mentale, les médecins peuvent mettre des années à poser le bon diagnostic, et les médicaments sont souvent une question d’essais et d’erreurs. Cependant, certaines maladies endommagent de manière irréversible les cellules cérébrales après plusieurs épisodes de psychose. Le psychiatre souligne également que ce sont surtout les adolescents et les jeunes adultes qui sont touchés par des maladies mentales graves. C’est aussi une cause majeure d’absentéisme, que diaMendis s’attache à combattre. Avez-vous des informations à partager avec nous sur cette histoire ? Vous avez un scoop qui pourrait intéresser nos lecteurs ? Écrivez-nous ou appelez-nous directement au 1 800-63SCOOP.