Emmanuel Macron inaugure, jeudi 22 septembre, au large de Saint-Nazaire, le premier d’une série de parcs éoliens en mer, dont il entend accélérer le développement face à la crise énergétique. “C’est le début du voyage, un premier pas vers le développement massif des énergies renouvelables”, promet l’Elysée. Sous le mot d’ordre, renforcer la “domination énergétique” de la France face à la hausse des prix des hydrocarbures et face au risque de pénurie lié à la guerre en Ukraine, et réduire le long retard du pays en matière d’énergies renouvelables par rapport à ses voisins. Le chef de l’Etat se rendra en bateau dans la matinée sur le site de 80 éoliennes, en cours de développement à 12 à 20 kilomètres au large du Pouliguen et du Croisic. Le parc, exploité par EDF, sera pleinement opérationnel d’ici la fin de l’année. Il affichera alors une capacité de 480 mégawatts (MW) capable de répondre aux demandes de 700 000 personnes. Emmanuel Macron se rendra également aux Chantiers de l’Atlantique, à Saint-Nazaire, où les éoliennes sont assemblées avant d’être installées en mer.Conseil des ministres. Le texte vise à raccourcir les délais de réalisation des projets en simplifiant les procédures administratives et en limitant le temps d’examen des recours introduits par les écologistes, les pêcheurs et les riverains. Aujourd’hui, il faut en moyenne dix ans pour mettre en service un site offshore en France, contre cinq en Allemagne et six au Royaume-Uni. Pour l’éolien terrestre, c’est sept ans, soit deux fois plus qu’en Espagne ou en Allemagne, et le solaire ne fait guère mieux. Lire aussi : Les raisons du retard français dans la production et l’installation d’éoliennes
Objectif de cinquante parcs d’ici 2050
Avec ce projet, Emmanuel Macron, déterminé à maintenir une trajectoire de réforme en ce début de second quinquennat, entend donner des engagements à la gauche et aux écologistes, tout en mettant les retraites ou l’assurance-chômage dans le bon sens. L’examen du texte s’annonce toutefois difficile à l’Assemblée nationale, dépourvue de majorité absolue et face à une extrême droite et quelques élus de droite opposés à l’énergie éolienne. La question s’était déjà invitée dans la campagne présidentielle, la candidate RN Marine Le Pen réclamant l’arrêt des travaux et le démantèlement progressif des locaux existants. Le 10 février à Belfort, Emmanuel Macron a choisi l’éolien en mer, visant une cinquantaine de parcs d’ici 2050 pour une capacité de 40 gigawatts. A ce jour, sept parcs ont été confiés à des exploitants : après Saint-Nazaire, la construction a commencé à Saint-Brieuc, sujet à des frictions avec les pêcheurs, Courseulles-sur-Mer et Fécamp. D’autres appels d’offres ont ensuite été lancés, dont deux en Méditerranée. A Oléron, des recours ont été déposés pour repousser le projet plus au large. Le chef de l’Etat a en revanche mis un coup de frein à l’éolien terrestre, doublant la capacité actuelle non plus sur dix mais trente ans. Il a également annoncé la relance du nucléaire avec la construction de six réacteurs EPR2 d’ici 2035 et une multiplication par dix de la puissance solaire installée d’ici 2050. Lire aussi : L’article est destiné à nos abonnés Premières mesures d’urgence pour relancer les énergies renouvelables
“Traitement simplifié” des dossiers
“La voie tracée à Belfort est plus urgente” que jamais depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine le 24 février et face aux dégâts de plus en plus tangibles du changement climatique, insiste l’Elysée.
Plusieurs ONG, dont France nature environnement (FNE), ont critiqué les dispositions du projet de loi visant à simplifier les procédures. Le développement des énergies renouvelables doit se faire « dans le respect des processus de consultation publique et de la législation environnementale », plaident-ils. Le gouvernement a finalement retiré mercredi l’un des articles critiqués.
France Energie Eolienne, pour sa part, considère que ce texte peut contribuer, à terme, à l’installation d’énergies renouvelables dans le paysage, notamment en enregistrant une réduction de la facture d’électricité pour les riverains des parcs ou en aménageant l’offshore l’énergie éolienne par façade marine pour une vision à long terme.
Mais pour accélérer dans un futur proche, la filière compte surtout sur une récente circulaire demandant aux préfets de “faciliter le traitement” des dossiers. Car les développeurs d’éolien terrestre ont vu les permis s’effondrer depuis trois ans, éloignant un peu plus la France de ses objectifs.
Dans un contexte d’approvisionnement électrique tendu et d’indisponibilité d’une partie du parc nucléaire, l’éolien, le solaire et la méthanisation seront, jusqu’en 2025, “les seuls moyens de produire plus de mégawattheures”, plaident leurs représentants. En 2021, les technologies renouvelables ont fourni 24 % de la production d’électricité (hydraulique, éolienne, solaire, bioénergie), le nucléaire 69 % et les combustibles fossiles 7 %.
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Le monde avec l’AFP