Un mouvement politique en plein doute. Après que les époux Quatennens ont publié un communiqué demandant le respect de leur “vie privée”, en réponse à la révélation en canard enchaîné du témoignage main courante de l’épouse du coordinateur national du mouvement, la France révolutionnaire est en état de choc. Cependant, les premiers signes avaient été observés en interne. “On a eu du mal à le joindre, il était méchant, on savait qu’il était en plein divorce mais on ne savait pas la suite”, confie un député. “Personne n’aurait pu l’imaginer”, renchérit un membre du mouvement qui qualifie Adrien Quatenens de “fermé comme une huître”. “Dès mardi-mercredi, certains cadres savaient que ça n’arriverait pas… Plusieurs d’entre eux ont suggéré cette issue (son retrait, ndlr) qui à ma connaissance n’a provoqué aucune résistance de sa part”, raconte un député à LFI sur BFMTV. Dès samedi soir, son désistement a été acté.

“N’a pas de sens!”

Mais le lendemain, cinq jours après ses révélations canard enchaîné, Adrien Quatennens publie un autre communiqué, dans lequel il avoue avoir giflé sa compagne. Un texte transmis sans crier gare à l’état-major de la France révolutionnaire, ce qui n’est pas sans provoquer quelques tensions. “C’est une déclaration personnelle encore moins validée qu’un principe politique. Il est célibataire, il est tout seul…” a expliqué un élu. “Cette lettre qu’il est en train de faire est un non-sens!” abonde un autre. Aucune volonté n’est morte dans cette affaire, affirme LFI qui publie le même jour un court communiqué dans lequel le mouvement salue ce retrait et réitère “son engagement sans faille dans la lutte contre les violences faites aux femmes”.

Le malaise de Melanchon

Ce sont les tweets de Jean-Luc Mélenchon qui vont vraiment diviser les révolutionnaires. Certains partagent sa position et saluent sur Twitter le “courage”, l’”honnêteté” ou encore la “dignité” d’Adrien Quatennens à reculer. D’autres comme Clémentine Autain ou Manon Aubry prennent leurs distances avec ses déclarations. Mais rares sont les membres du mouvement qui osent critiquer le leader. “Vous pensez que s’il a fait un deuxième tweet c’est parce qu’il était content du premier ?”, s’excuse un député LFI. “Son premier tweet n’est pas gênant, il est juste incomplet…”, renchérit un autre membre du parti. La députée LFI de Dordogne Pascale Martin a été l’une des rares à cibler spécifiquement Jean-Luc Mélenchon dans un communiqué, jugeant “inadéquat et inacceptable” les réactions du chef rebelle. Trois heures se sont écoulées entre le premier et le deuxième tweet de Jean-Luc Mélenchon où il provoque finalement une “claque inacceptable”. Mais en trois heures, la maladie a commencé. Et la gêne est palpable lors de la conférence de presse scolaire de l’équipe LFI à l’Assemblée nationale. Mathilde Panot a succinctement répondu en renvoyant les journalistes au communiqué de France Insoumise. Avant un moment d’hésitation lors des rappels des journalistes, personne ne savait qui parlerait. Cette conférence de presse reste un échec que certains députés regrettent. « Nous n’étions pas assez préparés. Cette conférence de presse a été un désastre », avoue un député. Beaucoup pointent notamment l’initiative de n’envoyer que des femmes députées du groupe pour répondre aux questions sur la question.

Adrien Quatennens est déjà porté disparu

Le mouvement veut désormais se tourner vers l’avenir, avec un retour au Parlement en vue. Mais le cœur n’y est pas forcément. “Tout le monde est secoué, c’est humain. Que le coordinateur du mouvement soit quelqu’un qui a commis des agressions, des violences conjugales, ça ne peut que secouer. Une gifle c’est une gifle, ce n’est pas pour diminuer”, confie la députée LFI Danielle Simonnet. . « Adrien était le moteur que nous connaissions tous, le meilleur représentant, le plus efficace, celui avec le verbe le plus sculpté. Le fait qu’il ne soit plus un représentant a un impact sur nos capacités en tant que mouvement à combattre les mesures d’Emmanuel Macron. déplore Raquel Garrido, députée LFI, précisant qu’elle souhaitait néanmoins son retrait. Le malaise est aussi palpable chez les jeunes députés, loin du noyau dur de la France révolutionnaire. “C’est un épisode qu’on vit mal, c’est douloureux. Il incarne beaucoup de choses sur les combattants…”, explique l’un d’eux. “C’est bien que le coordinateur des sites de LFI ait ressenti le besoin de mettre en attente. Il ne peut plus parler pour nous en ce moment. Nous devons exprimer notre entière solidarité avec les victimes.”, ajoute Danielle Simonnet, insistant sur la nécessité de sensibiliser davantage les membres du mouvement et au-delà. Ironie du sort, ce jeudi 22 septembre, dans le cadre des journées parlementaires LFI, deux heures de formation à la prévention des violences sexistes et sexuelles sont organisées à destination des parlementaires. Un rendez-vous arrêté bien avant la sortie de l’affaire Quatennens. Par Anthony Lebbos et Perrine Vasque avec Anthony Audureau