Les maires ont été les premiers à sortir du placard, comme à Limoges où le complexe Aquapolis a brutalement fermé ses portes. Des usagers « otages » en pleine rentrée dénoncent les électeurs. A Paris, le maire du 19e arrondissement, François Dagnaud, est monté au créneau en voyant fermer la piscine Pailleron, l’une des plus fréquentées de la capitale. Outre la “perturbation inacceptable du service public”, elle constate que “l’argument économique et financier ne semble pas être partagé par tous les opérateurs qui sont toujours confrontés aux mêmes conditions du marché de l’énergie”. “C’est totalement irresponsable !” Encore dégoûté aujourd’hui par un représentant dans les coulisses.
“Fluctuations de prix en direct”
D’un point de vue juridique, au départ “ils n’avaient pas le droit de fermer”, explique à l’AFP l’avocat Yvon Goutal qui défend certaines collectivités concernées. Depuis la semaine dernière, une grande partie des établissements ont déjà rouvert leurs portes : Limoges, Versailles, Rivesaltes, Montbauban… Comme le souligne Midi Libre, celui de Nîmes a rouvert le 12 septembre après de fructueuses négociations entre Nîmes Métropole et Vert Marine. La piste choisie a été le remplacement des contrats d’énergie de Vert Marine par le contrat de Nîmes Métropole avec le Syndicat Mixte de l’Electricité du Gard (SMEG) qui bénéficie d’une tarification plus avantageuse. Une nouvelle réunion est prévue mi-décembre pour discuter des solutions envisagées pour 2023. Vert Marine est situé à proximité de Rouen et dispose d’environ 90 piscines et patinoires via des services publics. C’est l’un des plus gros acteurs de ce secteur qui regroupe quatre à cinq groupes. Pour expliquer ces fermetures brutales, il a expliqué qu’il était incapable de payer des factures multipliées par dix pour l’électricité et par quatre pour le gaz. Et il a souligné “l’assurance de l’entreprise et de ses 2.000 salariés”. Souvent chauffées au gaz naturel, les piscines sont des équipements très énergivores et subissent de plein fouet la hausse des prix entamée depuis plusieurs mois. Mais selon des sources, le problème vient aussi du fait que Vert Marine n’est pas passé par des courtiers en énergie et “a reçu directement les fluctuations de prix”. En revanche, cela rapporte de l’argent, en revanche, cela peut rapporter beaucoup de jus. Autre représentante du service public, la société Prestalis voit également sa facture augmenter. Les charges énergétiques qui représentaient entre 22 et 25% au printemps dépassent désormais les 50%, explique le DRH Christophe Legendre à l’AFP. Des contrats ont même été rompus par des fournisseurs, comme dans l’Est de la France.
“Grève de puissance”
Pour lui, il n’est pas question à ce stade de “fermer” des centres parmi les 32 qu’ils gèrent. “Nous avons trouvé des solutions”, explique-t-il. Et il discute avec les autorités locales et le ministère de l’Economie. Mais depuis que « Vert Marine a lancé le mammouth, nous recevons beaucoup de questions de nos partenaires », raconte-t-il. Ainsi, certains centres leur rapportent que “les clients ne veulent plus souscrire à un abonnement de peur que la piscine ne soit alors fermée”. Pour Yvon Goutal, “Vert Marine a fait un coup, au lieu de s’adresser aux collectivités, ils se sont adressés à la presse” alors qu’il existe des moyens de négocier avec les collectivités. Même si certains mécanismes, comme l’imprévisibilité, peuvent être difficiles à mettre en œuvre. “On peut modifier les périmètres du service, en termes de chauffage, d’ouverture par exemple, on n’ouvre qu’aux étudiants”, précise-t-il. Parmi les collectivités mises au pied du mur, certaines permettront à Vert Marine de profiter de leurs tarifs négociés. Mais attention, cela n’exclut pas de futurs recours, sous lesquels l’entreprise risque de plier : “ils se retourneront alors contre Vert Marine” et leur présenteront la facture, explique l’avocat spécialiste. La ville de Limoges a prévenu : elle reste “ouverte à toutes discussions, notamment pour soutenir son représentant afin de faire face à l’inflation des coûts de l’énergie, sans toutefois assumer la responsabilité de sa mauvaise gestion ou de dépenses injustifiées”. acteur, “Le patron juridique de Vert Marine va être un peu occupé…” “La panique ? Ou une stratégie délibérée pour mettre en scène son suicide ?” demande un autre des acteurs. Deux semaines après l’onde de choc, l’entreprise a reconnu la “soudaineté” de sa décision dans un communiqué. Interrogé par l’AFP, Vert Marine n’a pas souhaité s’exprimer davantage.