Les maires ont été les premiers à sortir du placard, comme à Limoges où le complexe Aquapolis a brutalement fermé ses portes. Des usagers « otages » en pleine rentrée dénoncent les électeurs. A Paris, le maire du 19e arrondissement, François Dagnaud, est monté au créneau en voyant fermer la piscine Pailleron, l’une des plus fréquentées de la capitale. Outre la “perturbation inacceptable du service public”, elle constate que “l’argument économique et financier ne semble pas être partagé par tous les opérateurs qui sont toujours confrontés aux mêmes conditions du marché de l’énergie”. “C’est totalement irresponsable !” Encore dégoûté aujourd’hui par un représentant dans les coulisses. “D’un point de vue légal, ils n’avaient pas le droit de fermer”, a déclaré à l’AFP l’avocat Yvon Goutal, qui défend certaines communautés concernées.
Plusieurs piscines ont déjà rouvert
Depuis la semaine dernière, une grande partie des établissements ont déjà rouvert leurs portes : Limoges, Versailles, Rivesaltes, Montbauban… Situé près de Rouen, Vert Marine dispose d’environ 90 piscines et patinoires via des agences de service public. C’est l’un des plus gros acteurs de ce secteur qui regroupe quatre à cinq groupes. Pour expliquer ces fermetures brutales, il a expliqué qu’il était incapable de payer des factures multipliées par dix pour l’électricité et par quatre pour le gaz. Et il a souligné “l’assurance de l’entreprise et de ses 2.000 salariés”.
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Souvent chauffées au gaz naturel, les piscines sont des équipements très énergivores et subissent de plein fouet la hausse des prix entamée depuis plusieurs mois. Mais selon des sources, le problème vient aussi du fait que Vert Marine n’est pas passé par des courtiers en énergie et “a reçu directement les fluctuations de prix”. En revanche, cela rapporte de l’argent, en revanche, cela peut rapporter beaucoup de jus.
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Autre représentante du service public, la société Prestalis voit également sa facture augmenter. Les charges énergétiques qui représentaient entre 22 et 25% au printemps dépassent désormais les 50%, explique le DRH Christophe Legendre à l’AFP. Des contrats ont même été rompus par des fournisseurs, comme dans l’Est de la France. Pour lui, il n’est pas question à ce stade de “fermer” des centres parmi les 32 qu’ils gèrent. “Nous avons trouvé des solutions”, explique-t-il. Et il dialogue avec les collectivités et le ministère de l’Économie. Mais depuis que « Vert Marine a lancé le mammouth, nous recevons beaucoup de questions de nos partenaires », raconte-t-il.
Coup de force et panique cérébrale
Ainsi, certains centres leur rapportent que “les clients ne veulent plus souscrire à un abonnement de peur que la piscine ne soit alors fermée”. Pour Yvon Goutal, “Vert Marine a fait un coup, au lieu de s’adresser aux collectivités, ils se sont adressés à la presse” alors qu’il existe des moyens de négocier avec les collectivités. Même si certains mécanismes, comme l’imprévisibilité, peuvent être difficiles à mettre en œuvre. “On peut modifier les périmètres du service, en termes de chauffage, d’ouverture par exemple, on n’ouvre qu’aux étudiants”, précise-t-il.
Appels futurs
Parmi les collectivités mises au pied du mur, certaines permettront à Vert Marine de profiter de leurs tarifs négociés. Mais attention, cela n’exclut pas de futurs recours, sous lesquels l’entreprise risque de plier : “ils se retourneront alors contre Vert Marine” et leur présenteront la facture, explique l’avocat spécialiste. La ville de Limoges a prévenu : elle reste “ouverte à toutes discussions, notamment pour soutenir son représentant afin de faire face à l’inflation des coûts énergétiques, sans toutefois assumer la responsabilité de sa mauvaise gestion ni des dépenses infondées”. acteur de l’industrie, “Le patron juridique de Vert Marine va être un peu occupé…” “Panique ? Ou une stratégie délibérée pour mettre en scène son suicide ?”, s’interroge un autre acteur. Deux semaines après l’onde de choc, l’entreprise a reconnu la “soudaineté” de sa décision dans un communiqué. Interrogé par l’AFP, Vert Marine n’a pas souhaité s’exprimer davantage.