Face à cette perspective, certaines universités ont déjà pris des mesures drastiques. L’université de Strasbourg a ainsi annoncé lundi son intention de fermer ses portes pendant deux semaines cet hiver. “Une troisième semaine de vacances de Noël début janvier et une semaine complète d’enseignement à distance en février” seront mises en place, a détaillé Michel Deneken, le président de l’université, dans une vidéo publiée sur YouTube.
La peur des fermetures successives
Une perspective qui fait bondir Imane Ouelhadj, le président de l’Unef. Car il craint que l’initiative strasbourgeoise ne se généralise : « On peut craindre que d’autres universités décident des périodes à distance pour faire des économies. Et nous ne sommes pas à l’abri de la fermeture de l’université de Strasbourg qui sera prolongée au-delà de deux semaines.” Une inquiétude partagée par Anne Roger, secrétaire générale du syndicat Snesup-FSU : « Les surcoûts annoncés sont de l’ordre de 2 à 6 millions d’euros pour chaque établissement. Nous craignons donc les réactions en chaîne. Or, les fermetures administratives vont à l’encontre du principe de continuité du service public. Manuel Tunon de Lara est plus optimiste : « Je ne pense pas que ce soit une tendance importante, car la situation des universités est très hétérogène. » S’ils ont si peur de la fermeture temporaire des universités, c’est parce que cela affecterait le bien-être des étudiants. “Il a peur que certains abandonnent. Car l’enseignement à distance, on l’a vu pendant la crise du Covid-19, crée des inégalités : beaucoup se connectent à la vidéo avec leur portable, ce qui n’est pas idéal, ou ils ont des problèmes de connexion. , précise Anne Roger. “Nous transférons le problème de la hausse des coûts énergétiques des universités aux étudiants. Mais nous ne sommes pas inquiets de savoir s’ils se sont suffisamment échauffés pour assister à leurs cours », s’indigne Imane Ouelhadj. La ministre de l’Enseignement supérieur a également exprimé sa désapprobation face à ces mesures d’austérité drastiques : « Il ne faut pas pénaliser l’enseignement. Nous sortons des périodes de Covid-19. Il faut garder ces leçons intensément en présentiel”, a déclaré mardi Sylvie Retailleau à franceinfo.
19°C dans toutes les pièces
Pour éviter la fermeture, certaines universités ont déjà pensé à d’autres moyens d’économiser l’énergie : installer un thermostat, placer les périodes de stage en hiver plutôt qu’au printemps, pour que les étudiants soient moins là pendant les périodes froides. De son côté, l’Université Bretagne-Sud (UBS) va revoir ses grilles d’éclairage extérieur et celles de chauffage de certains bâtiments. “Il est également important que les établissements installent des compteurs électriques dans chaque bâtiment pour savoir où agir en premier”, explique Manuel Tunon de Lara. La plupart des universités souhaitent également régler le thermostat à 19°C dans toutes les pièces, comme l’université de Bordeaux. Cela “devrait réduire la consommation de carburant de 5 à 7%”, souligne Dean Lewis, président de l’université. « Mais cette température ne peut pas être maintenue partout. Et quand on suit un cours dans une salle à 14°C, on a du mal à rester concentré”, explique Anne Roger. « Les enseignants enseigneront avec des couvertures d’urgence et les élèves trembleront de froid. Vous ne pouvez pas réussir vos études dans de telles conditions », ajoute Imane Ouelhadj.
Une rallonge budgétaire a été demandée en urgence
La réflexion des visages va se poursuivre : “Ce mercredi une réunion est prévue avec les présidents des universités à ce sujet”, rapporte Manuel Tunon de Lara. Mais je ne suis pas sûr que ce soit suffisant. “L’Etat doit aider les universités pour cet hiver”, a-t-il dit. “Il ne faut pas permettre aux universités d’avoir un budget déficitaire, mais le ministère de l’Enseignement supérieur devrait leur accorder une rallonge budgétaire”, insiste Anne Roger. Un plaidoyer entendu de Sylvie Retailleau : “Nous allons soutenir nos installations”, a-t-elle déclaré mardi à franceinfo. Pas plus de détails. Des mesures s’imposent aussi sur le long terme : “Il faut accélérer les travaux de rénovation énergétique”, insiste Imane Ouelhadj. Certains collèges ont déjà commencé. Comme UBS qui a investi 10 millions d’euros dans la réhabilitation énergétique de ses actifs. Cela lui permettra à terme de voir sa facture baisser de 20%…