La première expertise des gendarmes avait montré qu’il s’était limité à un rayon de deux kilomètres autour de la résidence conjugale, qui était située rue Yves-Motand. Cependant, les deux enquêteurs ont décidé d’aller plus loin en demandant de nouvelles études à confier à des informaticiens et liées aux activités du réseau, en l’occurrence la connexion entre la cellule d’antenne relais la plus proche et le “dispositif”. Et selon les résultats de ce “clean tracking”, révélés par RTL, ceux-ci montreraient que le téléphone n’a jamais quitté le lotissement, ni même le cercle plus restreint de la maison jusqu’à ce qu’il se déclenche à 7h48. Cependant, le rapport reste prudent dans ces analyses, indiquant que l’architecture des réseaux est différente aujourd’hui de ce qu’elle était fin 2020. Mais cette information conforte la position du parquet, qui soupçonne le plâtrier de 35 ans d’avoir tué sa femme lors d’une violente bagarre, le couple étant en passe de se séparer. La jeune femme, qui était en couple avec un homme de Montauban, a utilisé son téléphone pour la dernière fois à 22h58, envoyant un message à son amant.

Ces analyses “n’apportent rien” selon la défense

Pour la défense de Cédric Jubillar, en revanche, ces analyses “n’apportent rien”, réagit Jean-Baptiste Alary, l’un des trois avocats du plâtre. « Le suivi en ligne, on n’a jamais vu ça dans un dossier d’enquête. Si nous avions les moyens techniques de suivre un téléphone à quelques mètres, pourquoi cela ne serait-il pas utilisé dans toutes les affaires pénales. Si nous savons où est le téléphone, pourquoi ne l’avons-nous pas eu ? Il y a eu d’innombrables perquisitions, des perquisitions très poussées de l’IRCGN*, ils l’auraient trouvé d’ici là. La gendarmerie était là qui a fait ce rapport technique, ça a été fait par la gendarmerie, pour la gendarmerie, avec la gendarmerie », s’indigne l’avocat, rappelant que les déplacements de son client sont surveillés depuis le premier jour. « Et pourquoi ont-ils descellé la maison alors ? “, il continue. Il préfère s’appuyer sur d’autres expertises qui ont montré que le téléphone portable de l’infirmière avait été réactivé plusieurs fois dans la nuit, volontairement par action humaine. Concrètement, à 06h52, soit près de trois heures après que Cédric Jubillar a appelé les gendarmes pour signaler la disparition de sa femme. A cette époque, des soldats étaient présents chez Jubillar. Laquelle pour les avocats de l’époux indiquait toujours “qu’il ne pouvait pas utiliser le téléphone”, rappelant aussi que son client n’avait pas le code de verrouillage que Delphine Jubillard avait changé récemment.

Nouvel interrogatoire du mari ce vendredi

Si le PV de la gendarmerie confirme qu’ils étaient présents rue Yves-Motand à 6h52, il prouve aussi qu’ils n’étaient pas en permanence à côté de Cédric Jubular, devant faire des contrôles dans la voiture et autour de la maison. Le suspect principal avait-il le smartphone sur lui lorsque la police est arrivée sur les lieux ? C’est l’une des questions centrales de ce dossier. Et certainement celle que les deux enquêteurs ne manqueront pas de se poser ce vendredi, en interrogatoire du casting multi-design. Mais cette nouvelle expertise, réalisée le 8 juillet et révélée en début de semaine, a apporté un nouvel éclairage. Ils pourraient aussi abonder du côté du juge des libertés et de la détention qui a reçu la semaine dernière une nouvelle demande de libération déposée par les trois avocats de Cédric Jubillar. « Avec cette nouvelle expertise, si on voulait faire pression sur le juge, on ne pouvait pas faire mieux. Je ne sais pas si je suis paranoïaque ou si c’est une coïncidence malheureuse, mais ça revient encore une fois alors qu’on vient de déposer une demande de libération”, raconte Jean-Baptiste Alary. Dans le cadre de cette demande, une enquête a été menée pour la première fois par le Service pénitentiaire d’insertion et de probation pour déterminer si Cédric Jubillar pouvait bénéficier d’une détention à domicile sous surveillance électronique comme alternative à la détention provisoire. Depuis le 16 juin 2021, Cédric Jubillar est incarcéré à la maison d’arrêt de Seysses, à l’isolement. Les nombreuses demandes de sortie de prison formulées par ses avocats ont toutes été contestées par le juge de la détention et des libertés et la chambre d’instruction de la cour d’appel de Toulouse.

  • Institut national de police judiciaire de la gendarmerie