Posté à 6h30
Enfin, tout le monde a reçu une leçon pratique sur l’inflation. Nous ne pouvons pas y échapper. Les hausses de prix font désormais partie de notre quotidien. Ils sont bien visibles, gênants, gênants aussi. En fait, au début de septembre, Léger nous a informés que les deux plus grandes sources de stress pour les Canadiens en ce moment sont leurs finances personnelles et l’inflation. Quelques jours plus tôt, la firme EY publiait un communiqué de presse intitulé « 80 % des Canadiens s’inquiètent pour leurs finances face à la hausse du coût de la vie ». Ce ne sont pas les données publiées par Statistique Canada mardi qui apaiseront l’anxiété aux chalets. Au Québec, l’indice des prix à la consommation a augmenté de 7,1 % (7 % au Canada) en août par rapport à la même période l’an dernier. Parallèlement, les salaires ont augmenté de 5,4 %. Nul besoin d’être diplômé en mathématiques pour comprendre que cette différence équivaut à une baisse (désagréable) du pouvoir d’achat. Si vous multipliez les stratégies pour étirer chaque dollar, vous n’êtes pas seul. Cela est particulièrement vrai dans les supermarchés, où les prix ont grimpé de 10,8 %, du jamais vu depuis 1981. Plus précisément, un panier de 200 $ de nourriture en août 2021 coûte maintenant 221,60 $. À long terme, cela fait une grande différence pour le budget. Fait inquiétant, la tendance à la hausse des prix des produits alimentaires n’est pas terminée. Au contraire, il n’a cessé d’augmenter depuis un an. Comme vous ne pouvez pas vous arrêter de manger, c’est une mauvaise nouvelle pour les ménages à faible revenu. Cependant, presque tous (75 %) ont modifié leur comportement en réponse aux hausses de prix dans les supermarchés, selon une étude du Laboratoire des sciences analytiques en agriculture alimentaire de l’Université Dalhousie et Caddle, publiée mardi. Alors que certains Canadiens (11,5 %) visitent plus souvent les magasins à un dollar pour acheter de la nourriture, d’autres (41 %) essaient de gaspiller moins de nourriture ou de sauter complètement des repas (7 %). Les jardins potagers ont gagné en popularité, tout comme les programmes de récompenses, les supermarchés discount, les dépliants et les coupons. Parmi les 5 000 Canadiens interrogés début septembre, au moins 24 % réduisent la quantité de nourriture qu’ils achètent. c’est énorme! “On paye moins cher la traite ! On réduit ce qui n’est pas nécessaire, comme le chocolat », explique Sylvain Charlebois, directeur du Laboratoire et expert en distribution alimentaire. Le site reebee.ca, qui regroupe les brochures des détaillants et permet de trouver le meilleur prix pour un produit en particulier, note également un certain nombre de phénomènes. À commencer par une augmentation notable de la popularité des produits de marque maison dans les listes d’épicerie créées par les internautes via sa plateforme. Reebee rapporte également que les internautes sont moins fidèles à leur supermarché préféré et recherchent plus souvent des réductions sur des produits de base comme le lait et les œufs. L’effet de l’inflation sur nos vies ne s’arrête pas là. Nous nous concentrons davantage sur la réparation de ce qui casse, achetons plus d’occasion, suivons moins les tendances de la mode, révèle le dernier indice d’EY sur l’évolution des habitudes de consommation. Des choix qui ont l’avantage d’être bons pour la planète. D’autres décisions font plus mal. Une personne sur trois a retiré de l’argent de son épargne pour payer ses dépenses courantes. Et le quart de la population affirme que le solde de sa carte de crédit a augmenté, selon le sondage Léger cité plus haut. Une tendance observée par Equifax également. À BMO, nous constatons que 36 % des adultes canadiens ont réduit leurs cotisations d’épargne en raison de la hausse du coût de la vie, tandis que 22 % ont réduit leur épargne-retraite. En d’autres termes, l’inflation d’aujourd’hui est susceptible de frapper dans quelques décennies. Ce qui est remarquable dans tout cela, c’est que la demande de véhicules reste forte. Le directeur de l’Association pour la protection des automobiles me soulignait il y a quelques jours que la demande pour les grosses voitures de luxe n’a jamais été aussi forte au Québec, malgré l’inflation et le réchauffement climatique. La demande est suffisamment élevée pour alimenter les pénuries qui font la une des journaux. A quand une épidémie de bazooka rouillé sur nos routes ? L’homme est plein de contradictions, avec ou sans inflation.