C’est une opportunité pour les entreprises du monde entier de faire des affaires à Taiwan. Nous rencontrons beaucoup de monde et de clients, explique l’un des vice-présidents de Win Way Technology, Jason Chen. C’est un très grand spectacle cette année, mais attendez l’année prochaine ! Cette édition de Semicon s’est déroulée à un moment où l’industrie taiwanaise tente de se rassurer pour conserver son leadership sur le marché. L’incertitude règne sur la possibilité d’une invasion de Taïwan par la Chine. Plus de 700 exposants ont participé à la 27e édition de Semicon, qui s’est tenue récemment à Taïwan. Photo: Radio-Canada / Afore Hsieh Si la Chine déclenche une guerre contre Taïwan, le ministre taïwanais des Affaires étrangères Joseph Wu a mis en garde dans une entrevue avec Radio-Canada il y a deux semaines. Et si la production de semi-conducteurs s’arrête, le monde en souffrira. Taïwan produit plus de 60 % des semi-conducteurs du monde, mais plus important encore, 90 % de toutes les micropuces les plus avancées. Ces semi-conducteurs sont aussi petits que deux nanomètres dans certains cas [deux milliardièmes de mètre, NDLR] ils sont essentiels dans les ordinateurs, les téléphones portables, les appareils domestiques intelligents, ainsi que dans les voitures, les avions et les équipements de défense.
TSMC, le bijou à protéger
Leader de l’industrie et poids lourd mondial, Taiwan Semiconductor Manufacturing Company (TSMC), est considérée comme le joyau de l’industrie à protéger. La société exploite deux usines en Chine et aux États-Unis et tente de l’attirer dans un partenariat en Arizona. Comme TSMC est basé à Taïwan et que la majorité de TSMC et de la production mondiale a lieu à Taïwan, les risques pour l’île préoccupent l’ensemble de l’industrie, selon Jason Hsu, chercheur à la Harvard Kennedy School et ancien politicien taïwanais. La sécurité de Taïwan est donc un enjeu important pour les Etats-Unis qui veulent sécuriser leur approvisionnement en puces électroniques. Il rappelle également que les Américains ont adopté en juillet le Chips and Science Act, une loi pour relancer leur propre fabrication et réduire leur dépendance vis-à-vis de la Chine et de l’étranger. Les États-Unis cherchent à nouer des partenariats avec des entreprises taïwanaises, dont TSMC. Une invasion chinoise de Taïwan ne serait bonne pour personne dans l’industrie des semi-conducteurs, affirme Dennis Chen, président de Win Semiconductors Corp. Photo : Radio-Canada / Philippe Leblanc Dans le même temps, la Chine a également cherché à augmenter sa production et à combler son retard technologique avec Taïwan ces dernières années. Mais certains observateurs craignent que cela reste une incitation à envahir l’île, que la Chine considère comme une simple province rebelle. Comme l’a déjà dit le président de TSMC, une invasion de Taïwan ne serait bonne pour personne dans l’industrie. Même si la Chine prend nos usines, déclare le président de Win Semiconductors Corp. Dennis Chen, ils n’auraient pas accès à notre expertise. Comme d’autres hommes d’affaires taïwanais, il soutient qu’une des solutions est justement de délocaliser une partie de la production et de nouer des alliances avec d’autres entreprises. Dennis Chen affirme que Win Semiconductors Corp. reste à l’affût d’opportunités d’affaires. Burn Lin est doyen du Collège de recherche sur les semi-conducteurs de l’Université Tsing Hua, à Taïwan. Photo : Radio-Canada / Philippe Leblanc
Manque de travailleurs qualifiés
Risques d’invasion chinoise, augmentation des capacités de production en Chine, aux Etats-Unis mais aussi en Europe. Tout cela exerce une pression énorme sur une industrie qui souffre déjà d’une pénurie de main-d’œuvre qualifiée. Taïwan a créé l’année dernière cinq départements universitaires de formation aux semi-conducteurs pour résoudre ce problème. Il s’agit d’un partenariat entre le gouvernement et 12 entreprises de l’industrie. Taïwan a créé l’année dernière cinq départements universitaires de formation aux semi-conducteurs pour faire face à une pénurie de travailleurs qualifiés. Photo: Radio-Canada / Afore Hsieh Ces départements universitaires et entreprises promettent d’intensifier leurs efforts pour attirer les talents étrangers et d’offrir des incitations pour retenir les cerveaux locaux afin que Taïwan puisse conserver son leadership dans les semi-conducteurs. L’île promet même d’augmenter sa production d’environ 20 %. La politique épuise et entrave le développement de la technologie, déclare Burn Lin, le doyen de l’université de recherche sur les semi-conducteurs de l’Université Tsing Hua à Taiwan. Chacun essaie de travailler seul maintenant, alors que la chaîne de création et de production était intégrée dans le passé. Chacun avait son domaine d’expertise. Cela n’aide personne. Avec l’arrivée de la 5G et la promesse de nombreuses nouvelles utilisations pour les nouveaux appareils domestiques intelligents ainsi que la création de villes et de quartiers intelligents, l’industrie des semi-conducteurs est plus que jamais essentielle. Cela fait de l’avenir de Taïwan un enjeu stratégique de premier ordre. Notre correspondant Asie Philippe Leblanc sera basé à Taïwan ces prochains mois pour nous présenter cette île de près de 24 millions d’habitants, sa société et les enjeux qui l’animent. Et couvrez également l’actualité de la région Asie-Pacifique.