Une petite lumière rouge aurait dû s’allumer dans l’entourage du premier ministre lorsque Justin Trudeau a chanté le couplet emblématique de Queen samedi soir dans le hall d’un hôtel chic de Londres.
Justin Trudeau semble coincé dans des sables mouvants, piégé dans la réalité.
Une étoile
La réalité est que la recette Trudeau, celle du politicien vedette, a atteint ses limites. Vous me direz que ça fait longtemps et que vous n’auriez pas tout à fait tort.
Il n’en demeure pas moins que le premier ministre est plus polarisé que jamais.
Sinon comment expliquer le tollé mondial provoqué par sa farce à Londres.
Son prétendu manque de décorum n’explique pas tout.
Pourrait-on imaginer le président français Emmanuel Macron ou le chancelier allemand Olaf Scholz pousser la chansonnette comme ça ? Bien sûr que non.
Cela dit, notre décence n’est pas ce qui prévaut dans les grandes capitales européennes, ni même ce qui prévaut aux États-Unis.
Il fut un temps où Justin Trudeau pouvait se permettre ce genre de farce et s’en tirer presque indemne.
N’essayons pas de comparaisons avec le sens excentrique de son voyage en Inde. En cela, il y avait unanimité sur le côté complètement ridicule des choses.
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La courte vidéo de sa soirée karaoké avec Gregory Charles deux jours avant les funérailles de la reine Elizabeth II est devenue virale.
Personnellement, je pense qu’il ne faut pas trop s’en offusquer.
D’une part, nous en savons très peu sur le contexte. Par contre, ici on parle d’un moment pour se retrouver autour d’un piano.
Nous avons vu pire comme inconduite, même si le Premier ministre portait un t-shirt grossier.
Cela dit, Justin Trudeau devait savoir qu’il allait être filmé.
Un hall d’hôtel n’est pas un espace privé, quoi qu’en dise son environnement.
Le premier ministre a largement utilisé les médias sociaux pendant des années pour bâtir sa marque. Le droit au respect de la vie privée ne peut plus être invoqué pour des actes commis en public.
Celui qui vit par l’image sera perdu par l’image.
Rafraîchir
C’est exactement là que le bât blesse pour le premier ministre.
Son entourage aura-t-il le courage de se poser la vraie question : pourquoi tant de réactions négatives à une chansonnette ?
Après sept ans au pouvoir, Justin Trudeau cherche un moyen de se renouveler.
Comment renouer avec un électorat qui lui est de plus en plus résistant ?
Le style théâtral du premier ministre était complètement rafraîchissant il y a sept ans après la décennie Harper.
Aujourd’hui, il agace plus qu’il n’amuse.
L’épisode londonien reste anecdotique, malgré le vitriol et les moqueries sur les réseaux sociaux.
Mais c’est aussi la décadence du pouvoir.