Regardez la guerre en Ukraine en direct franceinfo : Que faut-il voir dans le nouveau discours de Vladimir Poutine ? Anna Colin Lebedev : Nous sommes dans quelque chose de très nouveau. Il faut se rappeler que l’État russe indépendant, successeur de l’Union soviétique, n’avait jamais ordonné la mobilisation. Elle était très théorique et marque donc clairement un renversement plutôt qu’un renversement dans le sens de la paix. La mobilisation générale serait-elle une violation du contrat passé avec la population russe ? En fait, il y avait plusieurs options qui avaient été tentées par les autorités russes pour augmenter le nombre de ses combattants sur le terrain, et notamment l’engagement de combattants volontaires qui n’avaient manifestement pas fonctionné. Les Russes ne sont pas forcément prêts à s’engager volontairement pour aller combattre en Ukraine. La conscription générale représentait un risque énorme pour l’État russe. Mais la conscription générale mobiliserait aussi un certain nombre de personnes que l’armée ne pourrait pas former. De plus, il est loin d’être certain que les objectifs annoncés de 300 000 mobilisés seront faciles à loger, équiper, vêtir et entraîner dans cette guerre. À mon avis, c’est déjà trop ambitieux. “Une mobilisation générale serait suicidaire, mais cette mobilisation partielle est un test. Le plus grand test possible en fait pour la stabilité du pouvoir russe.” Anna Colin-Lebedev, spécialiste de la Russie chez franceinfo Quelle perception, après sept mois de guerre, la population russe a-t-elle de ce conflit ukrainien ? Jusqu’à présent, les autorités russes ont tenté de minimiser cette guerre aux préoccupations des Russes ordinaires, et en particulier des Russes urbains et des grandes villes, avec l’idée qu’il ne se passe pas grand-chose. Et le fait que nous faisions partie d’une opération militaire spéciale dirigée par un professionnel de l’armée. Je dirais qu’il y a effectivement un renversement de situation et que la guerre atteindra peut-être les foyers de nombreux Russes. Pas tous les Russes, bien sûr. Précisant que la mobilisation concernera ceux qui ont fait leur service militaire, on tape toujours dans la même catégorie : des personnes issues de milieux sociaux plutôt moyens, plutôt des zones les plus reculées du pays. En tout cas, pas pour l’instant.