• Lire aussi : Ukraine : le pape François dénonce des “cadavres torturés” • Lire aussi : Liz Truss exhortera les membres de l’ONU à « défendre la liberté » contre la Russie • Lire aussi : Allemagne : perquisitions de propriétés oligarques proches de Poutine “Ce n’est pas du bluff”, a insisté M. Poutine, accusant les pays occidentaux de vouloir “détruire” la Russie, de recourir au “chantage nucléaire” contre elle et se disant ainsi prêt à utiliser l’arme atomique. La mobilisation partielle, annoncée lors d’une rare adresse à la nation et effective mercredi, représente une escalade majeure dans un conflit où les forces de Moscou ont subi plusieurs revers ces dernières semaines. Elle survient au lendemain de l’annonce par la Russie de “référendums” d’annexion dans quatre régions de l’est et du sud de l’Ukraine en fin de semaine, une initiative vivement condamnée par les Américains et les Européens. Plusieurs responsables occidentaux ont vu dans la mobilisation partielle annoncée mercredi un aveu de la “faiblesse” de M. Poutine alors que ses forces reculent face aux contre-attaques ukrainiennes. Cette mobilisation concerne “les citoyens en réserve, ceux qui ont déjà servi” et est “nécessaire”, a déclaré M. Poutine dans une allocution télévisée préenregistrée diffusée mercredi matin. “On ne parle que d’une mobilisation partielle”, a-t-il insisté, pour rassurer la population qui craint une mobilisation générale. Le ministre russe de la Défense, Sergueï Choïgou, a précisé que 300 000 réservistes étaient concernés par cet ordre de mobilisation, soit seulement « 1,1 % des ressources mobilisables ». Reste à savoir comment l’armée russe pourra loger, former et équiper ces centaines de milliers de personnes, alors que son offensive en Ukraine a révélé de sérieuses difficultés logistiques. L’opposant emprisonné du Kremlin, Alexei Navalny, a critiqué la mesure, affirmant qu’elle conduirait à “une énorme tragédie et un grand nombre de morts”. « Acceptation de l’échec » ? Le secrétaire britannique à la Défense, Ben Wallace, a qualifié la mobilisation partielle d’« aveu d’échec », suggérant que l’Ukraine « gagnait ». C’est “un signe de faiblesse”, a ajouté l’ambassadrice américaine à Kyiv, Bridget Brink. Une mesure “sérieuse et mauvaise” pour Berlin. Cette mobilisation pourrait annoncer une recrudescence de la violence pour les populations ukrainiennes déjà durement éprouvées par sept mois de conflit. A Kharkiv (nord-est), deuxième ville d’Ukraine proche de la frontière russe, Svetlana, 63 ans, exhorte les Russes à ignorer l’ordre de mobilisation et à “enfin se réveiller”, tandis qu’autour d’elle des habitants dégagent les décombres d’un immeuble qui a été frappé la nuit par fusée. Galina, une voisine de 50 ans, est en colère contre les Russes qui disent vouloir la “libérer”. « De quoi voulez-vous nous libérer ? De chez nous ? De nos proches ? De nos amis ? dit. C’est précisément l’évolution récente de la situation dans la région de Kharkiv qui semble avoir poussé M. Poutine à ordonner une mobilisation partielle, mesure jusque-là rejetée par le Kremlin, qui tente de maintenir un semblant de normalité. malgré le conflit. L’armée russe a en effet essuyé des revers face aux contre-attaques ukrainiennes à Kharkiv (nord-est), où les forces de Moscou ont été contraintes de céder beaucoup de terrain, ainsi que dans la région de Kherson (sud). M. Shoigu a déclaré mercredi que l’armée russe avait perdu 5 937 soldats depuis le début de l’offensive, un chiffre officiel bien inférieur aux estimations ukrainiennes et occidentales de dizaines de milliers de victimes. “Attention tu bluffes” Sur le terrain, les combats et les bombardements se sont poursuivis mercredi, les autorités ukrainiennes accusant la Russie de bombarder à nouveau le site de la centrale électrique de Zaporijia (sud de l’Ukraine), la plus grande d’Europe. Le discours de Poutine mercredi a également marqué une escalade de la rhétorique contre les nations occidentales, qu’il a accusées de vouloir “détruire notre pays”. “Le chantage nucléaire est également utilisé (…) Je voudrais rappeler à ceux qui tiennent de telles déclarations que notre pays dispose également de divers moyens de destruction”, a déclaré le président russe. “Nous utiliserons certainement tous les moyens à notre disposition pour protéger la Russie et notre peuple”, a-t-il poursuivi. “Je dis tous les moyens (…) Ce n’est pas du bluff”, a-t-il insisté. Son ministre de la Défense, M. Choigu, a affirmé sans ambages que la Russie ne combattait pas « autant l’Ukraine que l’Occident ». Avant même la mobilisation partielle, l’annonce mardi de “référendums” d’annexion dans les zones ukrainiennes contrôlées par Moscou du 23 au 27 septembre avait signalé une intensification du conflit. D’autant que la doctrine militaire russe prévoit la possibilité de recourir aux frappes nucléaires en cas d’attaque sur des territoires considérés comme russes par Moscou. Ces élections se tiendront dans les régions de Donetsk et Lougansk, qui composent le Donbass (est), ainsi que les régions occupées de Kherson et Zaporijia, au sud. Ces votes ont été immédiatement critiqués par Kyiv, qui les a qualifiés de “faux référendums”, et par ses alliés occidentaux.