Publié il y a 2 heures, juste mis à jour Vladimir Poutine lors de son adresse à la nation russe, mercredi 21 septembre. SPOUTNIK / REUTERS DESCRIPTION – Lors d’un discours très attendu à la télévision russe, le chef du Kremlin a annoncé la mobilisation de la réserve russe. En fait, seuls 300 000 hommes seront touchés, a déclaré le ministre de la Défense Sergueï Choïgou. La population russe craignait la conscription générale, Vladimir Poutine appelait à une mobilisation partielle. Lors d’un discours très attendu, qui devait avoir lieu le mardi 20 septembre au soir, mais qui a finalement été diffusé le lendemain matin, le chef du Kremlin « a jugé nécessaire de soutenir la proposition du ministère de la Défense pour la mobilisation partielle des citoyens de la réserve. Le président russe a déclaré avoir pris une telle mesure pour “soutenir le processus référendaire” lancé mardi par les provinces de Louhansk, Donetsk, Kherson et Zaporijia, qui se tiendra du 23 au 27 septembre. “Le décret sur la conscription partielle a été signé” et entrera en vigueur “aujourd’hui”, a déclaré Vladimir Poutine, évitant soigneusement le mot “guerre” tout au long de son discours. Le chef de l’Etat a en revanche insisté sur le fait qu’”on ne parle que de conscription partielle” et non de conscription générale, comme l’avait craint la population.

Une différence notable entre mobilisation partielle et générale

La différence entre les deux mesures est en effet significative. La mobilisation générale permettrait à la Russie de mobiliser ses deux millions de réservistes et 250 000 conscrits, en plus des 180 à 200 000 forces conventionnelles déployées en Ukraine. Cela signifie théoriquement jusqu’à 2,5 millions d’hommes au total. Nous vous rappelons que la conscription désigne le service militaire, obligatoire en Russie et d’une durée d’un an, pour les jeunes de 18 à 27 ans. En revanche, les réservistes sont enrôlés volontairement. Lire aussi Guerre en Ukraine : pourquoi la Russie veut annexer des territoires séparatistes La mobilisation partielle permet justement à la Russie de n’enrôler que ces derniers, soit un total potentiel de deux millions d’hommes. Mais dans les faits, Vladimir Poutine a indiqué que seuls “ceux qui ont déjà servi (…) et qui ont une expérience pertinente” seront invités. Lors d’une interview télévisée, le ministre de la Défense Sergueï Choïgou a précisé l’annonce du président russe. Seuls “300 000 réservistes seront appelés”, soit moins d’un quart de la réserve russe. Le ministre a estimé que ce chiffre ne représentait que 1% du total des 25 millions de personnes mobilisables. Il a probablement inclus dans cette proportion tous les hommes âgés de 18 à 65 ans en âge de servir, et pas seulement ceux engagés à divers niveaux dans l’armée. Le décret signé par Vladimir Poutine stipule également que les gouverneurs régionaux décideront qui et combien de personnes seront envoyées au front. Avec Le Figaro, le géopolitologue spécialiste de la Russie, Carole Grimaud-Potter estime que cette mobilisation ne pourrait toucher que “les régions frontalières de l’Ukraine”.

Cadre juridique précis

Dans le détail, le texte précise que les réservistes appelés auront le même statut et le même “niveau de salaire” que les troupes conventionnelles. Trois circonstances peuvent exempter les conscrits : leur âge, leur état de santé ou une peine de prison. De nouveaux amendements, votés mardi à la Douma, durcissent également drastiquement le cadre juridique des militaires (conventionnels et mobilisés) en temps de guerre. Ainsi, quiconque ne se présente pas à la convocation encourt 10 à 15 ans de prison. La désertion ou le refus d’obtempérer sera puni de la même peine. “La dernière fois que de telles dispositions ont été prises, c’était pendant la Seconde Guerre mondiale, sous Staline”, se souvient Carole Grimaud-Potter. De plus, “la possibilité d’adhésion des étrangers sera assouplie, ce qui ouvre la voie aux mercenaires”, ajoute l’expert. Lire aussi Poutine parie sur l’escalade en accélérant l’annexion du Donbass par référendum Un terme manquait pourtant au discours de Vladimir Poutine : celui de loi martiale. Or, “selon la Constitution russe, la loi martiale est requise pour ordonner une mobilisation, générale ou partielle”, souligne le géopolitologue. Elle pourrait ainsi se décider dans les prochaines heures, au sein des zones concernées par la mobilisation. Avec plusieurs conséquences aussi pour les citoyens : l’économie du pays entrera dans une “économie de guerre” et “les contrôles aux frontières seront renforcés”, estime Carole Grimaud-Potter. Ainsi, les habitants desdites zones “ne pourront plus quitter la zone”.

Une décision difficile pour le peuple russe

Ces derniers mois, de nombreux jeunes Russes ont en effet fui, anticipant la menace d’une mobilisation générale. Une partie du peuple russe, en revanche, était “prête à accepter” une telle mesure, motivée par la guerre et la rhétorique anti-occidentale. “Le patriotisme, la notion de sacrifice et la capacité de résilience seront éveillés”, déclare Carole Grimaud-Potter. En même temps, “cette société russe, déjà si pétrifiée, va sans doute connaître de grandes fractures : il y a toute une frange de la population russe qui ne dit rien, mais n’approuve pas”, ajoute-t-il. Si une mobilisation partielle est sans doute moins difficile à rallier pour le peuple russe qu’une mobilisation générale, la situation reste délicate, “car ils ne savent pas s’ils seront appelés ou non”. VOIR AUSSI – Armes nucléaires, mobilisation des troupes, référendums… Tout ce qu’a dit Vladimir Poutine