Combien vous coûte l’inflation au quotidien ? Faites le calcul avec le simulateur de puissance, de carburant et d’énergie “Les prix de tous les biens et services n’évoluent pas de la même manière. En fait, chaque ménage a sa propre inflation, en fonction de sa structure de consommation”, explique Mathieu Plane, économiste à l’OFCE et expert en pouvoir d’achat. Quels ménages sont les plus pénalisés par l’augmentation des recettes ou des factures d’énergie ? Franceinfo a fait le calcul.
Les plus pauvres qui ont été les plus durement touchés
L’inflation actuelle est principalement due à la hausse des prix de l’énergie et des denrées alimentaires. En un an, les prix de l’énergie et des carburants ont bondi de près de 30 %, selon l’Insee. La nourriture est près de 7 % plus chère sur la même période. Cependant, le poids de ces dépenses est plus important dans le budget des plus modestes. Avant la période actuelle d’inflation, les 10 % des ménages les plus pauvres consacraient en moyenne 19 % de leurs dépenses à l’épicerie, contre 15 % pour les 10 % des ménages les plus riches, selon l’Enquête sur le budget des familles. d’après INSEE 2017. Les factures d’énergie représentent 6 % des dépenses des ménages les plus vulnérables et le carburant 4 %. En revanche, ces chiffres ne représentaient que 4 et 3 % des dépenses des ménages les plus aisés. “Lorsque ces nécessités augmentent, ce sont les ménages les moins aisés qui en pâtissent”, poursuit Mathieu Plane. Cela explique pourquoi leur inflation est supérieure à la moyenne. » En avril, l’inflation des 10 % les plus pauvres était donc supérieure de 0,4 point à la moyenne nationale, selon une étude de l’INSEE publiée en juin. Dans le même temps, les plus riches enregistraient une inflation inférieure à la moyenne. taux d’inflation (-0,1 unité). Des inégalités existent également même parmi les ménages à faible revenu. “Ce sont surtout les ménages avec de nombreux enfants qui sont touchés par la charge des dépenses alimentaires”, explique l’économiste Pascale Hébel, membre du cabinet de conseil en marketing C-Ways et experte de la consommation des ménages. Une partie de l’inflation subie par ces ménages a cependant été compensée par les aides de l’Etat mises en place à partir de l’automne 2021 (chèque énergie, bouclier tarifaire, prime inflation, etc.) ou par la revalorisation du SMIC et des minima sociaux. “Même si les compensations pour les bas revenus n’étaient pas complètes, elles étaient tout de même légèrement plus importantes que pour les autres tranches de revenus”, observe Eric Heyer, économiste à l’OFCE. En revanche, les travailleurs dont les revenus sont légèrement au-dessus du SMIC “n’ont aucune garantie d’augmentation de salaire”, note Mathieu Plane.
Les habitants des zones rurales plus exposés à la hausse des prix de l’énergie…
Le niveau de revenu n’est pas le seul critère discriminant face à l’inflation. Parmi les autres facteurs d’inégalité, le lieu de résidence est déterminant. Les habitants des zones rurales dépensent plus que la moyenne en factures de carburant et d’énergie. Ils y consacrent 12 % de leurs dépenses, contre 6 % pour un ménage francilien, selon l’Insee. “Les ménages ruraux ont généralement une maison individuelle et une ou deux voitures”, précise Mathieu Plane. A l’inverse, “si vous êtes un foyer urbain sans voiture à Paris, dans une petite résidence bien isolée, vous ne ressentirez pas beaucoup d’inflation”. Ainsi, les ménages en milieu rural ont connu une inflation moyenne de 5,9% sur un an en avril. C’est près de deux unités de plus que les habitants de l’agglomération parisienne (4%), selon l’Insee.
…comme les anciens
Les Français ne sont d’ailleurs pas touchés par l’inflation de la même manière selon leur âge. En avril, l’inflation était en moyenne de 4% sur un an pour les moins de 30 ans, alors qu’elle atteignait 5,7% pour les plus de 75 ans, note l’Insee. “Plus on vieillit, moins on dépense pour des articles pour lesquels il y a très peu d’inflation, comme les nouvelles technologies ou les voyages”, observe Pascale Hébel. D’autre part, les personnes âgées sont parmi les plus gros dépensiers en articles à forte inflation tels que l’énergie ou la nourriture. “Plus vous êtes âgé, plus vous avez de pieds carrés par habitant, car vous avez souvent gardé la maison familiale lorsque les enfants sont partis”, explique Eric Heyer. Ce logement “coûte donc plus cher à chauffer”, d’autant qu’il “a vieilli en même temps que vous, et donc peut-être moins bien isolé qu’un logement récent”, note l’économiste de l’OFCE. Sans oublier que « plus on vieillit, plus on reste chez soi et on se réchauffe », souligne Pascale Hébel. Les plus de 75 ans consacraient 8 % de leurs dépenses aux factures d’énergie avant la crise, contre 3 à 6 % pour le reste de la population. Ces critères qui font que certains Français sont plus exposés que d’autres à l’inflation peuvent aussi être combinés. “Les personnes âgées qui vivent en zone rurale et qui ont une famille à charge ont une inflation supplémentaire d’au moins quatre points par rapport à la moyenne française”, estime Pascale Hébel.