Le procès de l’attentat du 14 juillet 2016 à Nice s’est ouvert, mardi 20 septembre, sa séquence la plus intense, la plus redoutée aussi : celle des témoignages des citoyens venus témoigner de leur nuit cauchemardesque et de la mémoire du défunt. . . Dans tout procès pour meurtre de masse, cette page est la plus sombre, la plus difficile à écouter, la plus lourde. Dans le procès des attentats du 13 novembre, cette séquence de cinq semaines a fini par créer une fresque kaléidoscopique, tissée de plusieurs centaines de voix. le puzzle unique d’une nuit d’horreur vécue de l’intérieur. Jeudi 15 septembre, on a déjà vu l’horreur crue du “camion fou” sur la Promenade des Anglais : les images du carnage enregistrées par les caméras de vidéosurveillance de la ville ont été diffusées sur les écrans du tribunal spécial de Paris. On a vu la foule dense dans la rue, les familles rassemblées pour le feu d’artifice, les spectateurs inconscients du danger qui se dirigeait vers eux, on a vu les 19 tonnes tomber en silhouettes et rebondir sur les corps comme un âne… Désormais on va entendre l’histoire de ceux qu’ils ont survécu. A lire aussi : L’article est pour nos abonnés Procès de l’attentat de Nice : quatre minutes et dix-sept secondes d’horreur brute
Ce chapitre douloureux du procès de l’attentat de Nice s’est ouvert en douceur : en raison d’un changement d’horaire, seuls deux partis politiques ont été entendus mardi. A partir de mercredi, et pendant cinq semaines, on entendra en moyenne quinze histoires par jour, quinze morceaux de pure horreur racontés à la première personne. Au cours de ces quelque 280 témoignages, un flot de chagrin, de souvenirs traumatisants, de moments de bravoure, de blessures physiques et psychologiques se déversera dans la salle d’audience.

“Une petite fille a commencé à prier”

Sandrine Bertolotto a 28 ans, elle en avait 22 le 14 juillet 2016. Plus jeune, elle a participé à des concours de Miss. Il ne le fait plus. “Quand tu as peur de traverser la rue, tu ne fais plus ça”, glisse la jeune femme qui n’arrête pas, tout au long de son témoignage, de lutter avec une bague à la main droite. Son témoignage est unique : Sandrine n’a pas vu le « camion fou » cette nuit-là. Elle a entendu des “bruits”, des “coups”, des “coups”, a vu la panique, a fantasmé, fantasmé, a couru, blessé, puis s’est cachée dans la terreur, persuadée que des coups de feu étaient tirés dans toute la ville. La jeune femme avait rejoint son compagnon d’alors et ses amis sur la Promenade des Anglais pour assister au feu d’artifice. Alors qu’elle regardait des panaches de fumée s’échapper de la plage, elle a perdu de vue ses amis et s’est retrouvée “isolée devant un groupe de personnes rassemblées”. Un homme passe en criant : « C’est le camion ! Sandrine tourne le dos au 19t, ne comprenant pas ce qui se passe. Il se souvient d’avoir entendu des coups de feu et d’avoir pensé à une attaque. “Pétrifiée”, elle décide de “sauter du haut de la danse” ; elle atterrit sur la terrasse d’un restaurant de plage en contrebas, se blessant à la cheville et à la main. Il vous reste 50,32% de cet article à lire. Ce qui suit est réservé aux abonnés.