Le président russe Vladimir Poutine a rencontré des diplomates étrangers et des responsables de l’industrie de l’armement au cours de la journée, ce qui signifie qu’il maintiendra le cap. Les commentateurs russes ont évoqué le spectre d’une guerre nucléaire si la Russie annexe ces territoires et si le Kremlin considère alors que la guerre est sur son sol. Les forces séparatistes des régions de Lougansk et de Donetsk ont ​​annoncé ces votes, ainsi que celles de Kherson et de Zaporijia (sud). Ces élections, prévues cette semaine, se tiendront alors que l’Ukraine entre dans son 8e mois de guerre. Le chancelier allemand Olaf Scholz a déclaré que ces référendums fictifs n’étaient pas acceptables. Les États-Unis ont dénoncé des élections frauduleuses. Le président français Emmanuel Macron, quant à lui, a condamné devant l’Assemblée générale des Nations unies un retour à l’ère de l’impérialisme et du colonialisme, peu après avoir qualifié les sondages annoncés de parodie. Ces votes, calqués sur celui qui a officialisé en 2014 l’annexion par la Russie de la péninsule ukrainienne de Crimée (sud), dénoncée par Kyiv et l’Occident, se préparent depuis plusieurs mois. Le calendrier semble s’être accéléré avec la contre-offensive ukrainienne qui a contraint l’armée russe à se replier dans le nord-est du pays. Les responsables russes avaient précédemment évoqué la date du 4 novembre, jour de l’unité nationale russe. Les dirigeants séparatistes de Lougansk ont ​​été les premiers à annoncer que le vote se tiendrait cette semaine, sur quatre jours à partir de vendredi. Cela a été suivi par le chef des séparatistes de Donetsk et les chefs de l’occupation de Kherson et de Zaporijia. Tous ont appelé M. Poutine à reconnaître les résultats du vote.

Éliminer la menace russe

L’Ukraine a prévenu mardi que la menace russe serait éliminée, le chef de l’administration présidentielle ukrainienne, Andriï Yermak, a dénoncé un chantage russe motivé par la peur de la défaite. Le chef de la diplomatie Dmytro Kuleba a pour sa part assuré que l’Ukraine continuera à libérer ses territoires. Ces annonces interviennent après les revers russes début septembre, lorsque l’armée de Moscou s’est retirée de la région de Kharkiv face à la pression des forces de Kiev, qui sont fortement approvisionnées en armes et équipements occidentaux. La diplomatie russe a également informé l’ambassadeur de France à Moscou que la poursuite des livraisons d’armes à l’Ukraine était inacceptable.

Kyiv contre-attaque

Les militaires ukrainiens mènent également une contre-offensive dans la région de Kherson au sud et une autre en direction de la région de Lougansk, que Moscou a capturée dans son intégralité au printemps au prix de mois de combats meurtriers. Ainsi, Kyiv espère reprendre le village de Bilogorivka, dont la prise a coûté cher à la Russie en mai, ses forces ayant été décimées alors qu’elles tentaient d’y traverser la rivière Siverskiï Donets. Les images des chars détruits avaient fait le tour du monde. A une vingtaine de kilomètres de là, de Shiversk, l’artillerie ukrainienne bombarde les positions russes. Ça frappe très fort, raconte à l’AFP Natalia, une épicière de cette commune, le matin on sort des caves, on voit les maisons incendiées. Une maison a été démolie par des bombardements à Shiversk. Photo : Getty Images/AFP/Juan Barreto Dans le village, des artilleurs ukrainiens épuisés s’appuient sur leur canon automoteur, couvert par un arbre. On a tourné toute la nuit, on va recharger [en munitions, NDLR] et reviens plus tard, dit l’un d’eux.

Poutine : les armes dès que possible

M. Poutine, lors d’une réunion mardi avec des fabricants d’armes et des responsables de la sécurité, a appelé à augmenter la capacité de production pour livrer dès que possible les armes dont son armée a tant besoin. Prenant les lettres de créance de nouveaux ambassadeurs, il insista sur les mérites de sa politique étrangère dominante. Dans le même temps, la chambre basse du parlement russe a adopté un texte qui durcit considérablement les peines de prison infligées aux soldats qui se rendent à l’ennemi, désertent ou commettent des pillages. Mardi matin, l’ancien président Dmitri Medvedev et l’actuel numéro deux du Conseil de sécurité russe avaient jugé que les référendums d’annexion rétabliraient la justice historique car le Kremlin considère l’Ukraine comme historiquement russe. Intrusion sur le territoire de la Russie est un crime et, s’il est commis, vous permet d’utiliser toutes les forces pour l’autodéfense, a-t-il menacé. Selon l’analyste russe indépendante Tatiana Stanovaya, la tenue de ces votes signifie que Poutine veut se vanter du droit d’utiliser des armes atomiques pour défendre le territoire russe. Margarita Simonian, la patronne de la chaîne de télévision russe RT, a jugé que cette semaine sera soit l’antichambre de notre victoire imminente, soit celle de la guerre nucléaire.