Silence, étonnement, puis explosion de rage : chez les féministes, ce n’est pas une vague de dégoût qui nous submerge après les déclarations de nombreux cadres et partis de gauche, c’est un véritable tsunami. Face à une solidarité masculine qui protège les agresseurs qui affluent dans nos sphères politiques, nous appelons à un soulagement féministe. Eric Coquerel, Taha Bouhafs, et les propos insoutenables tenus sur le sujet par Jean-Luc Mélenchon, leader de La France insoumise. Julien Bayou, pour qui le comité interne d’EE-LV a été confisqué pour violences psychologiques. Thomas Piquetty. Puis Maxime Cochard au PCF et Benjamin Amar à la CGT, accusés de viol. Samir Elyes, du comité Adama, est mis en cause pour violences physiques et psychologiques. Aujourd’hui Adrien Quatennens, visé par une main courante de son ex-compagne s’est révélé sans le consentement de l’intéressé. A LFI, silence de mort depuis plusieurs jours. Des féministes inquiètes observent les réactions des responsables du parti qui surveillent leurs pompes. Lorsqu’un groupe politique a un agenda féministe, nous sommes en droit de nous attendre à ce qu’il cesse de protéger ses agresseurs. Surtout quand on sait qu’en France, au moins 213 000 femmes sont victimes de violences conjugales chaque année. Nous, féministes, militantes, électrices, élues, anciennes candidates, condamnons la violence qu’Adrien Quatennens a avoué à son ancienne compagne et adressons notre soutien à cette dernière. Les faits admis sont clairs : une gifle est un acte de violence physique, la confiscation d’un téléphone et l’envoi de “trop ​​de SMS” relèvent de la violence psychologique. Nous condamnons fermement les réactions de Jean-Luc Mélenchon et de ses pairs, qui renforcent la culture patriarcale. Ne vous y trompez pas : si la violation de la vie privée souhaitée par la victime est une violence supplémentaire, le manque de solidarité et la minimisation des faits contribuent à la culture de la violence de genre et sexuelle. Il n’appartient pas aux amis de l’agresseur de juger de la gravité des faits et d’exiger le respect de la vie privée. Le personnel est politique. Car au-delà des cas Quatennens, Coquerel, Elyes ou Bouhafs, au-delà de Darmanin, Abad, Zemmour, Baupin, Lassalle, Hulot, etc., c’est un système de protection des agresseurs, tous partis confondus, que nous dénonçons. Cette omerta perdure grâce à la complicité, aux comportements et à la lâcheté persistante. Nous recherchons un soutien et un accompagnement complets pour les victimes de violence et attendons des parties qu’elles fassent de même. S’alerter mutuellement, suivre les traces des attaquants qui changent de camp : ce sont nos seuls outils jusqu’à présent. Pourtant, des solutions existent, véhiculées par les victimes et leurs proches. Suffisant. Aujourd’hui, on s’organise en ne laissant personne de côté. Victimes doubles ou triples, les personnes racistes et/ou LGBT+ ne sont pas épargnées et sont souvent étouffées par la catégorie sexiste et raciale. Fétichisme, violence islamophobe, attaques racistes, invisibilité dans la politique et le débat public. Le seul défi auquel ils sont confrontés est l’incapacité de séparer le sexisme du racisme. Il est encore plus difficile pour les femmes à l’intersection de la classe, de la race, du sexe, du handicap et de l’orientation sexuelle de pouvoir en parler, le signaler et défendre. Pourtant, les mouvements de gauche ont largement bénéficié des ressources tant intellectuelles que militantes des franges raciales telles que #MeToo, les fiertés, les mouvements sociaux, la solidarité internationale. Être féministe, c’est aussi soutenir les luttes antiracistes, anti-officiers et les droits LGBT+. Les agresseurs et les auteurs de violences ne peuvent pas représenter nos luttes politiques et nous refusons catégoriquement de faire campagne avec les hommes auteurs de violences ou leurs complices. Si Adrien Quatennens ne fait pas à ce stade l’objet d’une condamnation judiciaire, ses aveux le rendent politiquement responsable. C’est pourquoi nous féministes, non satisfaites de la destitution d’Adrien Quatennens de ses responsabilités LFI – que le parti aurait dû réclamer en amont – exigeons qu’il démissionne de son mandat parlementaire et que l’unité VSS de LFI envisage sérieusement tous les degrés de sanctions disponibles. Il est temps de créer un espace politique pour les féministes qui luttent chaque jour contre les violences sexistes et sexuelles. Aux victimes qui n’osent pas encore parler et à leurs sympathisants, nous ouvrons la voie et annonçons notre volonté transpartisane de vous soutenir. Aux hommes et à leurs alliés, aux complices et à ceux qui se taisent, nous disons que l’ère de l’impunité et de la toute-puissance est révolue. Puisque vous ne pouvez pas faire mieux, il est temps de les rendre. Alors, sur tous les fronts, la relève sera féministe. La liste complète des signataires.