TÉMOIGNAGE. Affaire PPDA : “Cette impunité me fait sortir de mes gonds”, témoigne l’auteure Bénédicte Martin De nouvelles allégations d’agressions sexuelles et de viols ont été déposées contre Patrick Pouvre d’Arbour et de nouveaux témoignages ont été publiés dans Libération. Il regrette que tant d’accusations n’aient rien changé pour l’ancien présentateur, “il peut encore marcher librement sans problème”, alors que “90 femmes” font désormais partie du groupe des lanceurs d’alerte. Cécile Delarue estime également que “la prescription ne doit pas empêcher les poursuites”. franceinfo : Comment avez-vous réagi à la lecture de ces nouveaux témoignages ? Cécile Delarue : C’est beaucoup d’émotion et toujours de la colère. Quel plaisir de revoir ces visages à la une de ce grand quotidien national, de reconnaître le visage d’une personne déjà membre de notre collectif, Margot Cauquil-Gleizes, et de découvrir un nouveau visage, celui de Bénédicte Martin. . Et surtout lire ces témoignages, découvrir ce qu’il pouvait entendre quand il essayait de parler, m’a profondément mis en colère. On essaie tous de se parler depuis des années, on en parle depuis des années, on en parle autour de nous. Personnellement, cela fait plus d’un an et demi que j’ai porté plainte. Et pour l’instant nous sommes au même résultat. Cette accumulation augmente-t-elle votre incompréhension et votre colère ? Oui, j’entends que la justice prend du temps, j’entends que la plupart des événements sont prédéterminés, mais nous sommes tous confrontés à l’incapacité de voir ce qui va nous arriver. On attend le procès, peut-être, autour de la plainte de Florence Porcel, la première à porter plainte. On y croit, on espère qu’il va se passer quelque chose, mais pour l’instant cet homme qui est accusé par de nombreuses femmes – on en est à 90 noms sur notre liste de témoignages, des femmes qui racontent des agressions et des viols – et il peut encore se promener librement en France sans aucun problème. Ce que montre toute notre histoire, c’est qu’il y a sérialisation et que la retenue ne doit pas entraver les poursuites. La prescription et le dépôt non contrôlé de certaines plaintes semblent aujourd’hui pousser certaines femmes à déposer quand même au lieu d’abandonner, cela vous étonne ? C’est presque plus facile de porter plainte quand c’est prescrit. On peut se retrouver avec une histoire trop difficile, qu’on a cachée, qu’on ne peut pas raconter pendant si longtemps. Et on peut plus facilement le dire aux policiers ou aux gendarmes parce qu’on sait que derrière ça on n’aura pas encore à l’assumer, tellement c’est impossible de pouvoir prouver un viol. Le plus dur, c’est pour toutes ces femmes qui ne se font pas prescrire et qui ne portent pas plainte. Toutes ces femmes qui ont peur, parce qu’on sait qu’il y en a, toutes ces femmes qui nous écoutent, qui écoutent cette histoire, qui voient la une de Libération, chez qui elle réveille un milliard de choses et qui se disent « je devrais porter plainte mais je ne peux pas”. Parce qu’ils ont trop peur, parce qu’il y a trop de pression, médiatique, politique, il y a trop d’enjeux derrière cette plainte.

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