Alors que La France insoumise (LFI) est ébranlée par l’affaire Quatennens, des militantes féministes ont soulevé, lundi 19 septembre, leurs questions – et même leurs accusations – à l’encontre du secrétaire national d’Europe Ecologie-Les Verts (EELV), Julien Bayou, soupçonné d’avoir sexisme. la violence. A l’entame de ce débat, une intervention du parti écologiste issu du mouvement féministe #NousToutes lundi en fin de journée sur le réseau social Twitter, et diffusée par plusieurs militantes de gauche. « Bonjour EELV, la cellule VSS [violences sexistes et sexuelles] saisi en juillet à la suite d’accusations de violences perpétrées par Julien Bayou sur son ex-petite amie », commence le tweet qui poursuit : « Comment s’assure-t-on de la sécurité des militants ? Aucune mesure ne semble avoir été prise, pourquoi ? », arborant le hashtag #ReleveFeministe. Interrogée à ce sujet dans l’émission “C à vous”, sur France 5, en partie consacrée aux violences conjugales, la députée écologiste Sandrine Rousseau a déclaré avoir reçu chez elle “depuis longtemps”, mais sans préciser de date, “l’ex de Julien -petite amie Bayou.” “Je pense qu’il y a des attitudes qui sont susceptibles de casser la santé morale des femmes”, a ajouté l’ancienne porte-parole d’EELV. Allégations de violences sexistes et sexuelles commises par Julien Bayou : on en parle avec @sandrousseau sur… https://t.co/P8cwI06sHd – cavousf5 (@C à vous) Lire aussi : L’article est pour nos abonnés L’affaire Quatennens, une première faille dans la règle LFI de Jean-Luc Mélenchon
“C’est une des questions qui viendra sur la table”
Selon le finaliste de la primaire écologiste pour l’élection présidentielle de 2022, la femme dont il a recueilli le témoignage “était dans un état très dépressif, c’était très mauvais”. “Il a également tenté de se suicider quelques semaines plus tard”, a-t-il déclaré à France 5. Toujours interrogée sur le député de Paris, Mme Rousseau a déclaré n’avoir “entendu qu’un seul témoignage” en personne. Pour autant, l’écoféministe a affirmé que les victimes “sont évidemment nombreuses”, sans en dire plus sur le contenu des informations dont elle dispose. L’élu a ajouté en contournant une proposition qu’”une enquête journalistique semble être en cours”. Le député avait proposé début juillet, lors d’une tribune dans Le Monde, d’appliquer aux parties les règles qui s’appliquent au sein des entreprises, mais aussi de créer une instance indépendante qui examinera les témoignages, afin de sortir d’une “zone illégale”. Interrogé par l’animatrice, Anne-Elisabeth Lemoine, pour savoir si le député pensait que Julien Bayou devait se retirer de ses responsabilités, comme l’a fait Adrien Quatennens au sein de LFI en renonçant à sa fonction de coordinateur du parti “révolutionnaire”, MP a répondu : “Nous verrons, étape par étape [Chaque chose en son temps]. “C’est une des questions qui viendra sur la table” lors de la fête, avait tranché quelques secondes plus tôt Sandrine Rousseau. Lire aussi : L’article est pour nos abonnés L’affaire Adrien Quatennens plonge la France insoumise dans l’embarras
“Faire justice sans être justice”
Au lendemain des déclarations de Mme Rousseau, le communiste Fabien Rousselle – allié de la Nouvelle Union écologique et sociale des peuples, mais qui bataille régulièrement sur les réseaux sociaux sur la ligne politique à défendre – a critiqué la révélation de l’ancienne porte-parole d’EELV. « Faut-il rendre public tout cela, comme l’a fait Sandrine Rousseau ? J’ai un doute là-dessus », a prévenu mardi l’ancien candidat à la présidentielle sur BFM-TV/RMC.
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“Il y a une vraie difficulté, c’est qu’il faut faire justice sans être justice”, a analysé Fabien Roussel. Aujourd’hui on nous appelle, on demande au peuple, d’être procureurs dans ces affaires, de juger et je pense que ce n’est pas à nous de le faire, c’est à la justice » a encore précisé le député du Nord, en précisant. : “Ce que je veux, c’est que les femmes soient protégées, qu’elles se sentent en sécurité. »
“Nous avons besoin d’un cadre – des règles – qui nous permettent de savoir comment nous agissons”, a-t-elle insisté, ajoutant qu’elle voulait que les femmes “savent à qui elles parlent” et qu’il y a “un processus” qui s’enclenche. “s’il y a un mot inapproprié, un geste inapproprié”. Constatant un “fossé” existant, la députée du Nord a appelé les partis politiques à travailler ensemble sur un “cadre de règles internes” pour lutter contre les violences faites aux femmes, par le biais d’une justice “spécialisée”.
limite “transparence totale”
Mardi matin également, des députés LFI se sont défendus d’avoir “reporté” le retrait de leur collègue Adrien Quatennens. Pour la gestion des cas de violences basées sur le genre, “on essaie de mettre des mécanismes en place, ce n’est pas parfait”, a admis la députée “insurgée”, Clémentine Otten, lors de la conférence de presse de son groupe politique au Parlement. , estimant nécessaire “de travailler davantage sur ces questions et peut-être de manière transpartisane”.
Mme Autain a cependant estimé nécessaire de reconnaître la “complexité” de telles situations, obligeant à respecter la présomption d’innocence de l’accusé, à prendre en compte la difficulté sur le plan humain de traiter le cas des “partenaires ” ou de respecter les victimes .
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Il a également pointé les limites d’une “transparence totale”, en référence aux précédentes déclarations du député écologiste. “Quand j’ai entendu hier Sandrine Rousseau [dire] par exemple, que l’ex-petite amie de Julien Bayou, qu’elle a accepté (…) a tenté de se suicider, je ne sais pas si cette femme veut que toute la France sache qu’elle a tenté de se suicider”, a-t-il déclaré.
“Indépendance” pour EELV, “instrumentation” pour Bayou
De son côté, le parti écologiste a publié mardi après-midi un communiqué, confirmant que la cellule d’enquête et sanctions harcèlement et violences sexuelles et sexistes d’EELV avait été saisie en juillet 2022 pour un “rapport” sur Julien Bayou. « De nombreuses personnes ont exprimé publiquement leur inquiétude quant à la lenteur de l’enquête et à l’influence politique potentielle dans cette cellule. Nous tenons à les assurer du soutien d’EELV aux victimes de violences de genre et sexuelles. Le parti souhaite également “confirmer que la cellule d’enquêtes et de sanctions doit poursuivre son travail en toute indépendance et dans le calme” et annonce qu’il “suivra les recommandations de la cellule lorsqu’elles seront portées à sa connaissance”. Quant à Julien Bayou, qui n’a pas répondu aux sollicitations de l’Agence France-Presse (AFP) lundi soir, il assurait début juillet au Figaro qu’il serait interrogé par un comité interne du parti “dans les plus brefs délais et ne constitue en aucun cas violences sexistes ou sexuelles ou comportements inappropriés envers qui que ce soit ». “C’est malheureusement une histoire de souffrance et de rupture accompagnée de menaces à peine voilées contre moi et d’une forme d’instrumentalisation que je ne peux que déplorer”, a-t-il ajouté. La secrétaire nationale de l’EELB avait suscité « une indignation qu’elle ne cache pas après m’avoir clairement écrit, trois jours après avoir pris la tête du comité interne de l’EELB : « Vous êtes inquiète. Je reviendrai fort. (…) La chute sera douloureuse.” » Brice Laemle (avec AFP)