Posté à 6h30
Il peut s’agir d’une assurance pneus, d’un film de protection, d’une assurance “valeur à neuf”, de pneus hiver, d’antivols de jantes. Les clients ont également reçu une facture pour l’équipement de base. C’est ça ou rien. L’Automobile Protection Association (APA) est bien consciente de cette stratégie, qui n’est pas aussi marginale qu’on pourrait le croire. Pour preuve, il reçoit des plaintes “presque quotidiennement ces jours-ci”, affirme son manager, George Inney, qui parle de “fraude” et de “comportement prédateur”. Souvent, ces ventes forcées d’accessoires et de garanties très lucratives sont imposées à ceux qui ne possèdent pas de véhicule d’échange. Sébastien a été le premier à m’informer. Après le vol de sa voiture, il a dû en trouver une autre, et vite. Mais parce qu’il n’avait pas de véhicule à vendre, le concessionnaire Honda lui a clairement dit qu’il n’était pas un client très rémunérateur. Il a donc dû ajouter une série d’accessoires qui ont fait grimper la facture de 4 000 $. Il se sentait pris au piège. Avec raison. Sans véhicule d’échange, Arthur Willett a vécu une histoire similaire chez Toyota. Deux options lui ont été proposées : prendre 800 $ d’options ou accepter que la vente soit convertie en bail. Après avoir indiqué sa préférence pour le contrat initial, qui avait été conclu des mois plus tôt, le directeur des ventes a quitté la salle. Il est revenu avec une pile de dossiers. “Il m’a dit que plus de 50 personnes attendaient une Corolla Cross et qu’il préférerait un autre client plus payant. Il ramassa la pile de dossiers et plaça le mien en dessous. » Le vendeur que Sébastien a rencontré s’est excusé en disant que la commande venait d’en haut. “Il voulait me faire pleurer. Il me tripotait en me disant que les choses n’allaient pas bien financièrement pour les concessionnaires. » PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE George Iny, président de l’Association pour la protection des automobilistes (APA) Ne vous laissez pas ramollir. Car c’est tout le contraire, argumente George Iny. Le manque de véhicules profite aux concessionnaires. Ils ont pu éliminer les rabais, réduire leur personnel et réduire considérablement le coût de financement de leur inventaire, qui est l’une de leurs dépenses les plus importantes. En revanche, les temps sont effectivement plus durs pour les vendeurs. Mais ce n’est pas une raison pour prendre les clients en otage en ne respectant pas le contrat ou la loi. À la Corporation des marchands d’automobiles du Québec (CCAQ), le PDG Robert Poëti convient qu’on ne peut pas forcer quelqu’un à acheter quelque chose dont il ne veut pas. “C’est contre la loi. Mais il a semblé minimiser quand je lui ai parlé. ‘Quand tu ne veux pas quelque chose, tu dis non. Ça s’arrête là.’ En théorie, c’est vrai qu’on peut toujours dire non. Mais dans la vraie vie, quand on sait qu’un « non » s’accompagne d’une série de conséquences, ce n’est pas toujours facile. Surtout en période de pénurie. Lorsque sa voiture est endommagée ou volée, il peut être nécessaire de la remplacer très rapidement. Lorsque vous attendez depuis six mois la livraison de votre nouvelle voiture, vous ne voulez pas recommencer le processus, sachant que les prix (et les taux d’intérêt) ont peut-être augmenté entre-temps. Un client peut avoir peur de perdre son acompte, il peut ne pas pouvoir résister à la pression du vendeur. C’est pourquoi l’Office de la protection des consommateurs (OPC) doit agir plus vite et sévir avec des amendes plus dissuasives. Elle en a les moyens puisqu’elle délivre (depuis 2016) des licences aux concessionnaires de véhicules routiers qu’elle peut également révoquer. De plus, cinq commerçants ont failli perdre le leur en deux ans (voir autre texte). En tant que consommateur, que pouvons-nous faire pour nous protéger ? “N’achetez pas de voiture !” suggère George Iny d’APA. Le marché actuel est fortement biaisé en faveur des détaillants. Mieux vaut attendre que les choses reviennent à la normale, ce qui est prévu dans “un an ou deux”. Malheureusement, il n’est pas toujours possible d’attendre. Dans ce cas, il est important de connaître vos droits et la loi. On peut aller en concession avec un témoin qui peut nous aider à négocier si besoin. Si rien n’y fait, nous récupérons notre caution et allons chez le concurrent. Nous appelons également l’OPC à porter plainte en cas de pratique illégale. Au prix des véhicules neufs, les acheter devrait être un moment d’excitation et de bonheur. Pas d’incrédulité et de déception. Décidé, j’utiliserai ma vieille chatte jusqu’à l’os.
Groupe Park Avenue a été contraint de s’engager à respecter la loi
Groupe Park Avenue, l’un des concessionnaires automobiles les plus importants et réputés au Québec, avec ses 21 concessions, a failli perdre son permis de vente. Pour poursuivre ses opérations, l’entreprise s’est formellement engagée auprès de l’Office de la protection du consommateur (OPC) à respecter la loi, a-t-on appris. L’entente a été signée le 17 août dernier par Norman E. Hébert, président et chef de la direction du Groupe Park Avenue pendant trente ans et fils du fondateur. Il n’avait pas vraiment le choix. Il a signé ou perdu sa licence de concessionnaire automobile, à peu près. L’”avis de suspension” a été envoyé à l’entreprise en avril. Motif : non-respect de la Loi sur la protection du consommateur (article 224c) et du Décret sur l’application des règles de conduite aux commerçants d’automobiles d’occasion. Le document de quatre pages, qui se trouve sur le site de l’OPC si vous le recherchez, vous donne une idée des pratiques reprochées à Groupe Park Avenue. En fait, il contient « la liste des choses qu’ils ont faites et s’engagent à ne plus faire », résume le porte-parole de l’OPC, Charles Tanguay. Ainsi, Groupe Park Avenue s’engage à respecter l’interdiction de pratiquer un prix supérieur à celui annoncé. Les clients se retrouvaient avec des factures gonflées de “frais de documentation”, de “frais de dossier”, de “frais d’ouverture de dossier”, de “frais d’inspection” ou de frais parce que le client ne voulait pas de financement. D’autres ont également dû payer un supplément pour le transport et la préparation ou l’option “Mon assurance”. Des accusations similaires donnent lieu à des recours collectifs. L’entreprise montréalaise s’engage également à apposer sur la vente ou la location à long terme de véhicules d’occasion la fameuse étiquette contenant toutes les informations importantes. L’accord a été signé sans “aucune admission ou admission d’actes répréhensibles”. Son représentant n’a pas répondu à ma demande d’entretien.
Quatre autres commerçants ont été coincés
Le groupe Park Avenue, qui vend 15 marques de véhicules, de Kia à Porsche en passant par Jeep et Mazda, n’est pas le seul groupe à être saisi par l’OPC après avoir analysé 700 contrats de vente ces dernières années. Quatre autres compagnies ont reçu des avis de suspension de permis de deux ans : Hyundai Drummondville, Chomedey Hyundai, Auto Durocher (Laval) et Autozoom.ca. Tout le monde a signé un accord volontaire pour le conserver. Avouez-le, c’est quand même étrange que des entreprises agréées signent des documents promettant… de respecter la loi. L’OPC promet de « surveiller » pour s’assurer que les ententes sont respectées, mais refuse de dire comment sa stratégie continuera de fonctionner. Si les licences ne sont pas simplement révoquées, le “principe de l’escalade des peines” est respecté, a déclaré le porte-parole Charles Tanguay.
“Les licences doivent être suspendues”
Mais pour George Iny, directeur de l’Association pour la protection des…