Posté à 5h00
Vincent Larin La Presse
Signe du peu d’intérêt manifesté par les différents partis pour les préoccupations de la communauté anglophone dans le cadre de cette élection, seuls deux des cinq principaux partis ont accepté l’invitation du Quebec Community Groups Network (QCGN), un organisme non organisme à but lucratif qui a pour mission d’assurer l’épanouissement de la minorité linguistique, de venir rencontrer ses membres. PHOTO DENIS GERMAIN, COLLABORATION SPÉCIALE Chemin Upper Lachine, à Notre-Dame-de-Grâce Le chef du Parti libéral du Québec, Dominique Anglade, et le chef des conservateurs, Éric Duhaime, se sont prêtés au jeu. Deux partis ont été créés dans la dernière année, le Parti canadien du Québec, dirigé par l’avocat Colin Standish, et le Bloc Montréal, de l’ancien candidat à la mairie de Montréal Balarama Holness, ont également levé la main, espérant attirer l’attention sur leurs propositions. « L’économie, l’inflation, l’environnement, ce sont tous des enjeux importants pour la communauté anglophone, mais elle est concentrée sur la question linguistique », insiste la présidente du QCGN, Eva Ludwig. PHOTO DENIS GERMAIN, COLLABORATION SPÉCIALE La circonscription de Notre-Dame-de-Grâce est un « château fort » du Parti libéral du Québec. Selon une brève consultation menée par l’organisme sur son site Internet, la majorité des répondants affirment que leur voix n’est pas entendue par le gouvernement Legault. « C’est assez nouveau. Pendant 20 ou 30 ans, il y a eu une paix linguistique [au Québec]. [Après la loi 101]nous pensions que ces questions appartenaient au passé, que nous étions passés. […] Mais tout à coup, c’est revenu », ajoute Mme Ludwig
“De face”
Dans le bureau électoral de la candidate du PLQ dans Notre-Dame-de-Grâce (NDG), Montréal, Désirée McGraw, une carte de la circonscription apparaît au mur. Seules deux couleurs y sont représentées : le noir des lignes séparant le territoire et le rouge des sous-régions remportées par le parti lors de la dernière élection. PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE Désirée McGraw, candidate libérale dans Notre-Dame-de-Grâce Gagné par sa prédécesseure Kathleen Weil avec près de 63 % des voix et une majorité monstrueuse de 13 677 voix, le NDG peut être décrit comme le « château fort » du PLQ. Cependant, un sondage publié par la firme Mainstreet vendredi a montré une chute vertigineuse de l’appui au PLQ dans le « West Island » – de 58 % lors de la dernière élection à 41 %. PHOTO DENIS GERMAIN, COLLABORATION SPÉCIALE L’appui au Parti libéral du Québec a chuté dans l’Ouest-de-l’Île. L’image du parti fédéraliste s’est estompée auprès des anglophones depuis la valse-hésitation de son chef Dominique Anglade devant l’adoption de la loi 96, la mise à jour de la loi 101, au printemps dernier. Sur la route, ce sujet est sur toutes les lèvres, confie Désirée McGraw. À la terrasse d’un café de la rue Sherbrooke Ouest, c’est le premier sujet soulevé par un couple venu vanter sa candidature. PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE La libérale Désirée McGraw rencontre les électeurs de Notre-Dame-de-Grâce Cofondatrice du Projet réalité climatique Al Gore au Québec, Désirée McGraw confirme que c’est avant tout la question de l’environnement qui a poussé ce fier descendant d’immigrants américains à entrer en politique. Plus […] avec les enjeux par rapport à la loi 96, par rapport à la loi 21, je ne pouvais pas me présenter sans l’obligation d’être le champion de ma communauté. Désirée McGraw, candidate libérale dans Notre-Dame-de-Grâce “Quand des groupes de personnes se sentent séparés, c’est dangereux. ton et contenu [des lois 21 et 96]ça m’inquiète beaucoup et ça devrait inquiéter tous les Québécois», a-t-il dit, critiquant le gouvernement Legault. Face à ces autres options, Désirée McGraw estime que le PLQ représente une option « centre progressiste », « en avant, pas en arrière, comme M. Legault et [Éric] Duhaime [chef du Parti conservateur du Québec] ils veulent nous amener.”
Nouvelles options
Longtemps ne courtisant que le vote anglophone à Montréal, le PLQ fait maintenant face à d’autres rivaux, dont le Parti conservateur. Son chef est aussi le seul à avoir tenu un propos en anglais lors du premier débat des chefs, à TVA Nouvelles. “Je leur propose une option de centre-droit”, a-t-il déclaré lorsqu’on lui a demandé ce qu’il offrait à la communauté anglophone. Sa colistière dans la circonscription de D’Arcy-McGee, Bonnie Feigenbaum, est également une ancienne libérale désabusée par la position de son ancien parti sur le projet de loi 96. Il ne fait que diviser et est là pour embêter les anglophones. Il ne sert pas la cause de la protection des Français. Bonnie Feigenbaum, candidate conservatrice D’Arcy-McGee Le chef du Bloc montréalais Balarama Holness, également dans la circonscription de NDG, admet ouvertement qu’il n’a pas de propositions “concrètes” pour la communauté anglophone. Il promet plutôt de faire de Montréal une « métropole à part entière ». PHOTO DAVID BOILY, ARCHIVES LA PRESSE Balarama Holness, chef du Bloc de Montréal “Les préoccupations sont les mêmes que [chez] francophones. Nous sommes devenus tellement obsédés par les problèmes linguistiques que nous oublions que le système de santé est en faillite, etc., et que ce sont des problèmes qui concernent tous les Montréalais », explique-t-il en entrevue. PHOTO PAR PAUL CHIASSON, ARCHIVES DE PRESSE DU CANADA Colin Standish, chef du Parti canadien du Québec De son côté, l’avocat Colin Standish demande catégoriquement l’abrogation des lois 21 et 96. « L’idée que le français est menacé au Québec est un mythe, point final. “Promouvoir le bilinguisme est un atout, mais réduire les droits des personnes n’est pas un moyen de construire une société”, plaide-t-il.
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48,3 % Pourcentage de la population de la circonscription électorale de Notre-Dame-de-Grâce dont la langue parlée à la maison était l’anglais en 2016. À l’échelle du Québec, ce pourcentage était alors de 9,7 %. Source : Statistique Canada Proportion de 70 %, au Québec, d’anglophones qui en 2021 vivaient sur l’île de Montréal ou en Montérégie. Le nombre de personnes dont l’anglais est la première langue parlée a franchi pour la première fois le cap du million au Québec lors du recensement de 2021. Source : Statistique Canada
Source : Statistique Canada
Source : Statistique Canada