Loïc Venance / AFP Patrick Poivre d’Arvor, ici pendant le Festival de Cannes, le 20 mai 2019. JUSTICE – Deux nouvelles plaintes contre Patrick Poivre d’Arvor, pour viols et agressions sexuelles, ont été déposées ce mois-ci, révèle Libération ce lundi 19 septembre. Ces faits, c’est prévu, ne seront pas poursuivis, mais décrivent un modus operandi similaire aux autres plaignants. Un autre rapport, concernant l’accusation de viol, également prescrite, a également été transmis au procureur chargé de la deuxième enquête préliminaire dans l’affaire, qui a débuté en marge d’une enquête également en cours. Les trois nouveaux prétendants, que Libération a pu rencontrer, ont un point commun : le monde de l’édition, dans lequel PPDA est depuis longtemps une figure forte et puissante. Les livres du journaliste ont été publiés par les plus grandes maisons d’édition. Parmi les victimes, Juliette (nom changé), journaliste et écrivain, affirme avoir été violée au bureau de PPDA en 2000 après un passage à l’émission littéraire Vol de nuit de TF1. Pénétration rapide, sans aucune tentative de séduction, « la simple satisfaction d’un besoin ». Dans Libération, il dit se souvenir d’un détail sale et révélateur : une boîte de mouchoirs. Elle explique qu’après le viol qu’elle vient de subir, PPDA a pris un mouchoir, s’est essuyé, et le lui a donné pour “nettoyer”, laissant croire à Juliette que cette pratique était régulière et organisée. Il a ainsi eu l’impression qu’il s’agissait “d’un morceau de viande que nous utilisons”. Elle estime que le viol est pour l’ancien présentateur du JT “une façon de marquer son territoire”.

Il soulève sa jupe et l’embrasse fort

Bénédicte Martin, 44 ans, a porté plainte le 12 septembre contre le PPDA, alléguant une agression sexuelle qui aurait eu lieu en novembre 2003 au bureau du journaliste. Il avait 24 ans au moment des faits allégués. Invitée sur le plateau de Vol de nuit pour parler de son livre d’histoires d’amour, l’agression sexuelle a de nouveau lieu dans le bureau de PPDA après le spectacle. Alors qu’ils boivent un verre de rhum, ce dernier tourne autour d’elle et, juste derrière, la saisit à la gorge en lui faisant une clé de bras. Ils tombent alors au sol puis se battent. PPDA soulève sa jupe et l’embrasse de force, raconte Bénédicte à Libération. « Non, pas comme ça, nous valons mieux que ça. Fixons un rendez-vous”, lui dit-elle de s’échapper. Il parvient à s’échapper du bureau d’une manière ou d’une autre. “Je n’ai jamais cessé de rapporter les agissements du PPDA, personne n’a jamais été choqué”, ajoute-t-elle, expliquant que son témoignage peut être utile à d’autres femmes. “Je ne supporte pas les phrases insultantes que j’entends de moins en moins bien sur cette affaire, du genre ‘ils l’ont fouillé’. Ça me fait bouillir. J’ai envie de répondre : « Moi aussi, ça m’est arrivé. Et je n’ai rien à cacher.” » Anne Cauquil-Gleizes, 53 ans, est la troisième plaignante rencontrée par Libération. Elle a 16 ans en 1984. Voulant devenir écrivain, elle écrit à PPDA, qui répond, à sa grande surprise, en appelant la maison familiale. Leur rencontre aura lieu en mai 1985, dans une chambre d’hôtel à Sète, où le journaliste est en voyage d’affaires. Quand elle songe à venir lui montrer ses écrits, elle « me berce sur le lit, me déshabille, me pénètre. Cela ne prend que cinq minutes. Je reste complètement passif, je ne comprends pas ce qui m’arrive. Puis il la quitte et va prendre une douche.

“Voulez-vous me faire une petite gâterie”

Si elle a déposé une seule plainte, le 9 septembre, il s’agit de deux incidents distincts : le viol précédemment allégué et une agression sexuelle alors qu’elle avait 23 ou 24 ans en 1991 ou 1992. Dans ce cadre, Anne, qui a changé son prénom dans sa 18e année en Margot, est invitée par le PPDA à assister à l’enregistrement du journal télévisé. A la fin de celui-ci, elle est emmenée dans le bureau du présentateur. “Ce journal était vraiment dur, tu me donnerais une petite friandise”, lui dirait-il, avant de crier et de s’enfuir. Patrick Poivre d’Arvor, 74 ans, est accusé par une trentaine de femmes de viol, d’agression ou de harcèlement sexuel. Il les nie tous avec véhémence et dépose une demande reconventionnelle pour diffamation. “La position de Patrick Poivre d’Arvor est bien connue et j’ai moi-même eu l’occasion de partager publiquement, après le non-lieu motivé, certains éléments de sa défense”, déclare son avocate, Me Jacqueline Laffont, à Libé. En juin 2021, une première enquête préliminaire, avec le recueil des déclarations de 23 femmes, a été rejetée par le parquet de Nanterre, principalement pour prescription mais aussi pour “absence de fait délictueux” ou “crimes insuffisamment caractérisés”. Une seconde est en cours, tandis que sept autres femmes ont témoigné. Dans le même temps, une information judiciaire est ouverte à la suite d’une plainte de l’auteur Florence Porcel, qui accuse Patrick Poivre d’Arvor de l’avoir forcée à avoir des relations sexuelles en 2004 et une fellation en 2009. Voir aussi sur Le HuffPost : Vous ne pouvez pas voir ce contenu car vous avez refusé les cookies liés au contenu de tiers. Si vous souhaitez voir ce contenu, vous pouvez modifier vos préférences.