Les signataires appellent les députés à organiser “un débat objectif sur cette question majeure d’intérêt général”. Ils demandent une entrevue avec la première ministre Elizabeth Bourne pour présenter ses conclusions, ses approches et ses perspectives. “Parce qu’on ne pourra pas dire à nos enfants qu’on ne savait pas, mesdames et messieurs les élus, entrez dans le sujet et soyez au rendez-vous !” Ajoutez les organisations. Nous, associations, collectifs et syndicats, répondons à l’alerte lancée par l’association environnementale Avenir santé et joignons nos voix pour exiger ensemble une transition agricole vers un modèle plus durable, ce qui implique la sortie des pesticides de synthèse. Notre santé collective, la santé de nos générations futures et la préservation de notre biodiversité sont en jeu. L’association environnementale Avenir santé située dans l’agglomération de La Rochelle a été fondée en 2018 après la multiplication des cancers infantiles dans la ville de Saint-Rogatien et l’alerte sanitaire lancée par le CHU de Poitiers auprès de l’ARS à ce sujet. . terrain. Dès 2018, une étude épidémiologique révélait un excès de risque pour la tranche d’âge 0-24 ans sur la commune de Saint-Rogatien (1). Depuis maintenant trois ans, les résultats d’études ont mis en évidence la présence massive de pesticides autour de La Rochelle et plus précisément dans la plaine de l’Aunis. La Charente-Maritime a un bilan très lamentable en matière de pollution de l’air et de l’eau par les pesticides. Et qu’en est-il de la pollution des sols ? Qu’en est-il de l’effet cocktail provoqué par de multiples expositions à des substances dont les niveaux dépassent les normes sanitaires ? Quel est le risque de développer des maladies chroniques et des cancers ? Les premiers pesticides de synthèse sont apparus en agriculture dans les années 1940. Ils permettaient de contrôler l’invasion de certains ravageurs pouvant nuire à la production agricole, mais à quel prix ? Seulement vingt ans plus tard, les premiers soupçons d’effets négatifs sur l’environnement et la santé humaine se font jour. “L’Etat et les collectivités de nos territoires doivent agir pour protéger la santé des populations et l’environnement de plus en plus fragile et dégradé. L’exposition aux pesticides et les risques associés sont multiples. Et bien au-delà du département, d’autres syndicats se mobilisent partout en France.” Sur la base d’un certain nombre d’études, nous sommes arrivés à une conclusion très inquiétante. Les pesticides affectent notre santé et l’environnement. ● On sait que la France est actuellement l’un des principaux consommateurs de pesticides en Europe. ● Nous savons que l’air est pollué. ● Nous savons que les sols sont contaminés. ● On sait que presque toutes les rivières de France sont polluées. ● Nous savons que l’eau du robinet est affectée par la contamination par les pesticides. ● Nous savons que les pesticides affectent la biodiversité. ● Nous savons que les pesticides contaminent les cultures biologiques et menacent l’apiculture. ● Nous savons que les plans visant à réduire l’utilisation des pesticides échouent. ● On sait que certaines pathologies développées après exposition aux pesticides sont désormais reconnues comme maladies professionnelles. ● Nous savons qu’il existe des preuves solides entre l’exposition aux pesticides et le développement de certains cancers infantiles. Ce que nous savons est suffisant pour demander aux décideurs d’appliquer le principe de précaution. Les données scientifiques sont suffisamment avancées pour agir immédiatement. Face à cette catastrophe sanitaire systémique, la France doit réagir de toute urgence. Pollution de l’eau, de l’air, des sols, disparition des abeilles, perte de biodiversité, développement de maladies chroniques dont le cancer… Récemment, en effet, il a été démontré que les pesticides contiennent des résidus pétroliers et des métaux lourds non déclarés qui peuvent exacerber leur toxicité (2 ). L’État français ne peut plus ignorer les faits scientifiques, ni renier constamment ses engagements. À l’automne 2021, le Conseil des droits de l’homme des Nations Unies a reconnu dans la résolution 48/13 que l’existence d’un environnement propre, sain et durable est un droit humain. En juillet 2022, l’Assemblée générale des Nations unies a à son tour déclaré que tous les habitants de la planète ont droit à un environnement sain. La France a cosigné ces deux résolutions et s’engage à œuvrer pour que toutes les Françaises et Français aient droit à un environnement sain. “Conformément à ses engagements, nous demandons à l’Etat français de reconsidérer sa position sur les pesticides de synthèse qui dégradent la santé, l’environnement et l’avenir de nos générations futures.” Alors nous demandons d’une même voix : ● L’application immédiate et systématique du principe de précaution (3) à toutes les préparations utilisant des molécules classées CMR (cancérogènes, mutagènes, toxiques pour la reproduction), des néonicotinoïdes et des perturbateurs endocriniens. Il s’agit d’un arrêt immédiat de leur utilisation puisque leur innocuité sanitaire n’est pas strictement prouvée. ● L’interdiction immédiate de l’utilisation de tous les pesticides de synthèse dans les captages d’eau potable (4). ● La révision immédiate des textes réglementaires censés réglementer l’utilisation des pesticides, notamment le décret dit « Protection des personnes ». Nous souhaitons que les zones visées par cet arrêté ainsi que les périmètres de protection autour de tous les espaces de vie, écoles, crèches, terrains de sport et habitations inclus soient traités exclusivement avec des produits utilisés en agriculture biologique, sans aucun rapport avec des pathologies, lourdes et irréversibles. ● La création immédiate d’un registre régional des cancers sur l’ensemble de la France. Seuls 19 départements de France métropolitaine sur 95 sont couverts par des registres du cancer (situation parmi les pires d’Europe). Ils ne couvrent que 24 % de la population et la collecte des données accuse plusieurs années de retard. Par conséquent, ceux-ci n’ont pas pour but de prévenir d’éventuels excès de cancer dans certaines régions. Des données cartographiées, régulièrement mises à jour, un registre doté d’un système d’alerte, des données transparentes pour la population et en libre accès pour les chercheurs et scientifiques, sont des outils indispensables de prévention et d’action pour la Santé Environnement. ● Rendre obligatoire et publique l’étude de l’interaction de toutes les molécules entrant dans la composition des pesticides avant de délivrer une autorisation de mise sur le marché tant au niveau européen que national. Actuellement, seule la substance active est analysée. ● Prise en compte du cumul des facteurs d’exposition et de la toxicité chronique dans les études scientifiques et médicales. La France doit se doter de normes et investir dans la recherche pour réguler la polyexposition. Il ne peut être satisfait en n’ayant que des normes de toxicité aiguë. ● Achèvement de l’élimination des pesticides de synthèse d’ici cinq ans. Nous demandons un plan pour transformer notre agriculture en un véritable modèle agricole durable, l’agroécologie, seule garantie de protection des écosystèmes et des hommes. Les contraintes imposées aux professionnels doivent être soutenues techniquement et financièrement par les institutions. La recherche et l’innovation des agriculteurs sont les moteurs de la réussite de ce défi. L’avenir de notre agriculture en dépend. C’est aussi avant tout pour la santé de tous. Nous sollicitons le soutien de l’ensemble de la représentation nationale et demandons aux députés, sénateurs et sénatrices d’étudier nos revendications et d’organiser un débat objectif sur cette question majeure d’intérêt général. Les enjeux sont élevés. Il s’agit de répondre aux fortes attentes sociales dans lesquelles se trouvent des millions de Français. Quelle société voulons-nous pour demain ? Une société qui accepte, comme elle le fait depuis plus de 70 ans, de sacrifier l’environnement et la santé aux exigences du libre-échange, de la rentabilité et du profit ? Ou préfère-t-on sortir de l’agrochimie pour produire sainement, dans un environnement durable, protecteur de la santé publique et respectueux des générations futures ? La moitié des agriculteurs partiront à la retraite d’ici 2030, il faut aider les porteurs de projets vertueux à s’installer et faire en sorte qu’ils puissent gagner leur vie sans dépendre de…