Réforme des retraites : majorité divisée, syndicats prêts à s’engager Deux scénarios sont à l’étude, a rappelé Olivier Dussopt. Que le gouvernement approuve une mesure d’âge par amendement lors du débat de cet automne sur le projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS), avec un éventuel recours à 49,3 en cas de blocage. Soit il s’engage dans une consultation plus globale de trois ou quatre mois avec les syndicats et les organisations patronales avant de légiférer un peu plus tard. Toutefois, le ministre a précisé qu’aucune décision ne sera prise avant jeudi : le Comité de surveillance des retraites (CMP) doit aviser le Premier ministre dans la journée sur l’état du système de retraite, avec d’éventuelles mesures correctives si nécessaire. Elizabeth Bourne recevra également mercredi les chefs de groupes parlementaires à Matignon sur le dossier des retraites. Les syndicats sont mitigés quant à leur rencontre avec Olivier Dussopt au ministère du Travail. “Le gouvernement a tenu cette réunion pour s’emparer du terrain”, a déclaré le porte-parole de Force Ouvrière, Michel Beaugas. Il explique qu’il a l’impression que le ministre est venu expliquer comment bien lire le rapport du Conseil d’orientation des pensions. Il estime surtout que le ministre a insisté sur les déficits annoncés et non sur le fait que la part des dépenses de retraite dans la richesse nationale reste maîtrisée. Une démonstration résumée par Yvan Ricordeau de la CFDT : “Noircir les perspectives budgétaires pour légitimer une mesure qui interviendra rapidement”, alors que, selon lui, cela ne se justifie pas. “Il n’y a pas d’incendie dans le système de retraite, alors ne mettons pas le feu au pays à cause de cette question.” Les syndicats ont finalement renouvelé leurs avertissements. La CFDT a notamment confirmé qu’elle ne participera à aucune réunion au ministère du Travail jusqu’au 26 septembre, date à laquelle le projet de loi de financement de la sécurité sociale sera présenté en conseil des ministres. Ils ne veulent pas être « outillés », dit leur porte-parole. Et si le gouvernement venait à passer en force, toutes les organisations ont confirmé qu’elles appelleraient à la mobilisation : la CFTC a même affirmé qu’en cas de passage en force, elle se retirerait du Conseil national pour la reconstruction. Catherine Perret, au nom de la CGT, menace par avance d’”arrêter immédiatement toute discussion avec le gouvernement” et “d’entrer dans la confrontation sociale” si une réforme des retraites est inscrite dans le prochain budget de la Sécurité sociale. Selon Cyril Chabanier, président confédéral de la CFTC, invité par franceinfo, si le gouvernement veut traiter la question des retraites, “il faut le faire afin de traiter les sujets capitaux” citant entre autres l’emploi des seniors , pénibilité, carrières à long terme. Des sujets que le gouvernement n’aborde pas dans un premier temps : “Ils nous disent : d’abord on fixe l’âge et après on va parler de tous ces sujets et créer des exceptions”, estime Cyril Chabanier, qui rappelle que “le système de retraite actuel est tout sauf juste” et il a dit vouloir participer aux négociations “pour avoir un système plus juste” : “on ne peut pas faire accepter aux Français une réforme du système des retraites s’ils n’ont pas le sentiment que c’est juste et plus égalitaire”.